Le CNR

Le Conseil national de la résistance ou CNR a été créé dans le but de coordonner les différents mouvements de la résistance française tels que la presse, les syndicats ainsi que les différents partis politiques hostiles au gouvernement de Vichy. Il est né avant tout de la volonté ardente des Français de refuser la défaite et l’occupation allemande.

C’est le 27 mars 1943 qu’il tient sa première réunion et voit sa présidence confiée à Jean Moulin, alors missionné par le Général de Gaulle d’unifier l’ensemble des mouvements de la résistance. Malheureusement, peu après la création du CNR, Jean Moulin est dénoncé et capturé par les SS. Après trois jours de torture il décède pendant son transfert vers l’Allemagne sans avoir rien dévoilé à ses tortionnaires, ce qui les empêchera de démanteler le CNR. Par mesure de sécurité ce dernier met fin aux séances plénières et constitue alors un bureau exécutif de cinq membres représentant chacun un des principaux courants politiques de l’époque à savoir le parti communiste, le parti socialiste, les radicaux, la droite républicaine ainsi que les démocrates chrétiens. Ils élaborent alors ensemble un programme politique qui se compose de deux parties.

La première est un plan d’action qui concerne la résistance intérieure française qui liste les actions à mener dans l’immédiat dans la perspective de la libération. De ce fait sont créés les comités départementaux de libération (CDL) qui regroupent les comités de villes et villages dont le but est de faire participer à l’échelon communal, local et dans les entreprises tous les Français à la lutte contre l’ennemi, notamment en entrainant les volontaires à une lutte armée ainsi qu’à combattre contre toutes les formes d’oppression et d’exploitation imposées par l’ennemi.

La deuxième est une sorte de programme de gouvernement qui vise à administrer la France après la libération et qui marque la volonté des différents partis politiques constituant le CNR à rester unis pour rétablir l’indépendance politique et économique de la France.

Ce programme, très empreint de rénovation sociale, prévoit :

  • le retour à la nation : des grands moyens de production monopolisés, des sources d’énergies, des richesses du sous sol, des compagnies d’assurance et des banques,
  • le développement et le soutien des coopératives de production d’achat et vente agricoles et artisanales,
  • le droit d’accès dans le cadre de l’entreprise aux fonctions de direction et d’administration pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires et la participation des travailleurs à l’économie,
  • le droit au travail et au repos,
  • un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire permettant à chacun de vivre avec sa famille dans la sécurité et la dignité,
  • la garantie du pouvoir d’achat national par une politique de stabilité de la monnaie,
  • la reconstitution d’un syndicalisme indépendant doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale,
  • la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement,
  • une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir leurs jours dignement,
  • et la mesure la plus importante sans doute : un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail ; ceci avec gestion du dispositif orchestrée par des représentants des intéressés et de l’Etat.

Même si le souffle réformateur dont il était porteur est vite retombé, le programme du CNR a cependant été appliqué après la guerre. Peu à peu, il s’est effacé avec les premières élections, la majorité des Français souhaitant un retour aux structures habituelles. A partir de 1946-1947, plus aucun conseil départemental de libération n’a de rôle effectif.

Il n’en reste pas moins que nombre de conquêtes sociales arrachées à un patronat en position de fragilité à la Libération du fait de leur collaboration active pendant l’occupation y trouvent leur socle : la Sécurité sociale, les retraites généralisées, les grands services publics, les comités d’entreprises, les lois sociales agricoles, le droit à la culture pour tous etc.
À l’heure où ces conquêtes chèrement payées sont menacées ou démantelées méthodiquement au nom de la «nécessaire adaptation à la mondialisation», en un temps où les groupes financiers et industriels assoient de plus en plus leur pouvoir sur la presse, le riche héritage du CNR mérite de ne pas sombrer dans l’oubli.
Il nous permet en effet de mesurer le terrain perdu depuis le déclenchement de la contre-révolution libérale, mais aussi de nous rappeler que le «contrat social» du CNR est aux antipodes de celui qu’un Medef redevenu fort et arrogant, avec l’appui du gouvernement, tente aujourd’hui de nous imposer.
Les détracteurs du CNR affirment que la France n’a plus les moyens financiers de ses ambitions sociales, mais oublient sciemment de dire que la richesse produite aujourd’hui dans ce pays est bien supérieure à celle produite au sortir de la guerre.

Après la guerre froide, les idéologues du libéralisme ont fait croire à nos dirigeants politiques que liberté de l’argent rimait avec liberté de l’individu. Pourtant, plusieurs crises économiques plus loin, le dogme de «l’argent roi» s’est converti en «argent fou» et l’on ne peut que constater ce que nos aïeux savaient déjà, à savoir que seul un pacte social tel que celui défini par le CNR en son temps est capable de garantir les libertés fondamentales des individus.

Science fission

12 août 2012, salle du conseil municipal de Beaucaire

Depuis quelques jours la fièvre monte, tous y pensent mais personne n’ose le dire, chacun s’arrange avec cette cruelle réalité : les stocks d’eau en bouteille sont épuisés, les navettes de camions depuis les zones non contaminées sont de plus en plus espacées, le réseau d’eau de la ville a été fermé hier par mesure de sécurité.

En campagne, les forages sont encore utilisés, à contre-coeur, pour nourrir les bêtes, la Compagnie Bas-Rhône Languedoc a cessé depuis deux semaines de puiser dans le Rhône, les cultures sur le plateau ne sont plus irriguées, les arbres fruitiers perdent leurs feuilles laissant apparaître les dernières pêches flétries.

L’ordre vient de la Préfecture et M. le Maire en donne lecture dans la salle du conseil bien trop petite pour accueillir la foule qui veut savoir :

Par arrêté n° 12082012, M. le Préfet du Gard ordonne à compter de demain matin 13 août 6 heures l’évacuation totale des communes de Villeneuve les Avignon, Aramon, Vallabrègues, Comps, Beaucaire, Fourques, Saint-Gilles, Nîmes.
Les populations concernées doivent envisager un éloignement pour une durée d’un mois au minimum, toutes informations utiles leur seront communiquées à leur adresse d’hébergement, adresse qu’ils doivent signaler au plus tôt au n° vert suivant : 00… MM. les Maires des communes concernées, les forces de police et de gendarmerie sont chargées de veiller à la bonne exécution du présent arrêté.

La stupeur cède rapidement la place à la colère, on n’est pas au Japon, les noms d’oiseaux fusent :

– Fumiers, salauds…

– Où je vais moi avec ma famille ?

– Partir ? Pour aller où ?

– Et mes chevaux ?

M. le Maire appelle au calme, en vain, le désespoir anéantit certains, rend fou les autres, les chaises volent, bousculade, échauffourées…, comment en est-on arrivé là ?

Deux années de sécheresse cumulées ont abaissé profondément le niveau des nappes phréatiques, l’absence de neige en hiver n’a pas permis de remplir les barrages, le peu d’eau lâchée dans les affluents du Rhône n’a pas suffi à stopper la prolifération des algues, celles-ci ont obstrué les pompes de refroidissement des réacteurs des centrales nucléaires de Cruas et de Tricastin, du combustible radioactif s’est échauffé en restant à l’air libre, il a fallu larguer dans le fleuve les dizaines de milliers de m3 d’eau, radioactive, utilisée pour refroidir les barres d’uranium. Le lit du Rhône est désormais radioactif, son eau ne peut plus être employée pour l’irrigation, la consommation humaine et animale, la toilette. Le sud de la vallée du Rhône, la Camargue sont désormais contaminés et ne pourront plus être habités par l’homme pendant des décennies.

Silence ! fission.

Chronique taurine

Si la course libre, les abrivados, gazes et autres bandidos ont toute leur place dans les fêtes locales où elles sont pratiquées depuis des lustres entre Vidourle et Durance, il est une dérive qui devrait inquiéter le milieu taurin.

Le taureau, seigneur de Camargue, est de plus en plus utilisé à des fins commerciales pour rameuter la foule autour de bistroquets et faire ainsi prospérer les affaires. N’est-ce-pas là rabaisser le noble animal à un rôle d’appelant quitte à le faire choir à terme de son piédestal ? La banalisation des encierros de bistrots reçoit de surcroît le soutien de certaines communes qui n’hésitent pas, comme Beaucaire, à mobiliser le personnel et utiliser le matériel communal (barrières, véhicules) sans sourciller ?

Le taureau de Camargue mérite mieux que cela.

L’acculturation de nos édiles

Au rond-point des Fontêtes trônait une oeuvre d’art représentant Beaucaire : une colonne sur deux pierres d’où jaillissait une fontaine d’eau.

Cette oeuvre réalisée par un artiste témoignait du mariage de l’eau et de la pierre, figures emblématiques de notre cité. Quels que soient les sentiments des Beaucairois sur cette oeuvre, celle-ci appartenait au patrimoine local.

De quel droit les élus actuels s’en autorisent-ils la destruction sans en avoir référé au préalable aux citoyens et au créateur de l’oeuvre ? On ne peut être qu’horrifié par les propos tenus par notre maire, se réjouissant de sa démolition. Rien ne l’autorise a être le censeur de la qualité d’une oeuvre dont la propriété artistique relève uniquement de son créateur. A quoi donc se résument la culture et l’art à Beaucaire lorsque notre premier magistrat s’autorise de juger de la «valeur» intrinsèque d’une oeuvre artistique ?

La misère culturelle de notre cité témoigne de l’incurie intellectuelle et morale de nos édiles.

Massacre à la tronçonneuse

Alternatives au nucléaire

Ah ces écolos et leurs idées farfelues ! Qu’ils retournent dans leurs Cévennes avec leurs chèvres et qu’ils s’éclairent à la bougie en fumant des pétards !

C’était avant Fukushima, depuis…

Mais comment se passer du nucléaire ?

Mise en place d’une politique volontariste en matière d’énergies renouvelables

Contrairement à une idée largement répandue selon laquelle l’Allemagne compterait sur le nucléaire français pour compenser la fermeture définitive de ses centrales nucléaires programmée en 2022, ce pays fournit à la France de l’électricité en période de grand froid.

Victime du lobby nucléaire, ayant un retard considérable, La France doit combler son retard dans les énergies renouvelables. Elle est au 14ème rang européen en éolien, produit 54 fois moins d’électricité photovoltaïque que nos voisins germaniques…

Contrairement au Danemark, à la Chine ou à l’Allemagne, la France ne dispose pas de filière industrielle dans les énergies renouvelables pourtant porteuses d’emploi. Au contraire, nombre d’entreprises du secteur ferment depuis la remise en cause des aides au photovoltaïque décidée par le gouvernement en 2010 .

Dans de nombreux pays, l’éclatement des lieux de production vers les lieux de consommation (petit hydraulique, méthanisation, géothermie, éolien…) est en cours, permettant à de nombreuses communes d’être auto-suffisantes. Cela permet en outre de réduire les « pertes en ligne » qui absorbent 7 % de la production française (électricité qui disparaît entre les lieux de production concentrés le long des fleuves et les lieux de consommation).

Une remise en cause du système français de production d’électricité qui s’inspirerait de ce que font nos voisins est nécessaire, elle répondrait au souhait d’une majorité de citoyens.

Lutte contre le gaspillage

20 % de l’électricité consommée pourrait être économisée grâce à une gestion plus fine des bâtiments et des espaces publics et privés (éclairage, chauffage, isolation). Le gaspillage de l’électricité en France est lié à l’abondance de la ressource due au nucléaire et par là à son faible coût très artificiel. En effet, celui-ci ne tient pas compte du coût du démantèlement des centrales nucléaires (Brennilis en Bretagne, arrêtée en 1985, n’est toujours pas démantelée), ni du coût du retraitement des déchets radioactifs stockés dans des conditions scandaleuses en Sibérie ou dans le sous-sol champenois en attendant de savoir le retraiter. Un beau cadeau pour les générations futures !

Peu à peu des initiatives sont prises pour inciter les citoyens et les entreprises à isoler leurs bâtiments (ex. thermo-photographie aérienne permettant de déceler les fuites thermiques). Ces initiatives devraient être encouragées par les pouvoirs publics, d’autant plus qu’elles sont aussi créatrices d’emploi dans le secteur de l’isolation.

Réorientation de la recherche

Si aujourd’hui une consultation nationale sur les choix énergétiques avait lieu, la recherche dans le domaine des énergies renouvelables serait plébiscitée, contrairement à ce qui fut fait dans les années 70, époque où le tout nucléaire fut choisi par quelques élites sous la présidence de Giscard.

Cette nécessaire réorientation de la recherche ouvrirait des perspectives dont on perçoit de plus en plus l’immense potentiel : les grands groupes industriels comme Total consacrent désormais 10 % de leur budget recherche aux énergies renouvelables, le journal Le Monde titrait « Le solaire s’impose comme l’énergie du futur», en Allemagne on ferme les centrales nucléaires, en Espagne les centrales thermiques solaires s’implantent… Les lignes bougent, mais la pression des lobbies des industries nucléaires et fossiles sur les politiques est énorme.

Seule une forte mobilisation citoyenne pourra modifier la donne.

Budget primitif 2011 : décryptage

Beaucaire ville riche

Il existe un indicateur qui permet de traduire globalement la richesse de la commune. Il s’agit du volume budgétaire qui est la somme des montants d’investissement et de fonctionnement. Pour Beaucaire il est de 1918 € par habitant au BP 2011 alors que la moyenne nationale était de 1687 € par habitant en 2009 pour les communes de la même strate démographique. Ce résultat tend à prouver une fois de plus, que, contrairement aux apparences, Beaucaire est une commune riche, mais où les richesses sont très mal réparties. La philosophie d’une municipalité soucieuse de l’intérêt de tous devrait être de faire profiter tout le monde de ces richesses.

Toujours plus

Heureusement, cette année, M. BOURBOUSSON a décidé de ne pas augmenter les impôts locaux. Doit-on pour autant interpréter cela comme un signe de l’assainissement des finances de la Mairie et notamment de la section de fonctionnement ? En fait pas vraiment. Ainsi certaines dépenses demeurent déraisonnables et c’est notamment le cas des charges exceptionnelles qui comprennent les subventions aux budgets annexes (fêtes, culture taurine et équestre, etc.). Elles étaient déjà anormalement élevées en 2010 et elles augmentent de plus de 9 % en 2011 pour passer à 889 000 €.

Et puis que dire des dépenses de personnel ? En premier lieu qu’elles sont relativement stables puisqu’elles passent de 715 à 706 € par habitant. Toutefois elles restent très nettement supérieures à la moyenne nationale pour les communes de cette strate démographique qui est de 625 € par habitant. On aurait donc souhaité les voir baisser. Malheureusement la tendance des effectifs apparaît inexorablement à la hausse. L’augmentation des frais de personnel de la Police municipale constitue une parfaite illustration de cette tendance. Les effectifs ont ainsi augmenté de 53 % entre 2008 et 2011 et pour quel résultat ?

Détecteur de mensonge

Lorsque M. le Maire fait une promesse de travaux, précipitez-vous vers les documents budgétaires et vous saurez vite s’il dit vrai. En effet pour qu’une opération d’investissement soit finançable par la Mairie, il faut qu’elle soit inscrite au budget.

Démonstration :

  • Opération 734 – Jeux d’enfants : M. le Maire a annoncé en conseil municipal qu’un projet de nouveau jardin allait être lancé sur les berges du Rhône en compensation de ceux qui ont été démontés sur le canal et remplacés par une terrasse de restaurant.
    Montant budgété en 2011 : 0 €.

    Donc à priori rien ne sera fait en 2011.

  • Opération 1015 – Rue Nationale : la Mairie s’est engagée à lancer les travaux de rénovation de la rue début 2012 et a indiqué que les appels d’offres pour la conception des travaux étaient lancés.
    Montant budgété pour des études de conception de cette opération en 2011 : 0 €.

    A moins que les cabinets d’architectes pratiquent bénévolement, il ne devrait donc rien se passer cette année.

Que ce soit dit, M. BOURBOUSSON, le discours est sans valeur, seuls les écrits valent engagement !

Effets d’annonce

Le budget 2010 affichait un programme d’investissement (i.e. de travaux) déjà peu ambitieux puisqu’avec 324 € par habitant de dépenses d’équipement brutes prévues nous étions très largement en-dessous de la moyenne nationale des communes de cette strate démographique qui est de 453 € pour 2009.

Le compte administratif 2010 qui a été approuvé fin avril est en quelque sorte le bilan comptable de la commune. Il permet de comparer ce qui a été réellement dépensé par rapport à ce qui était prévu. Alors pour les dépenses d’équipement brutes, le résultat pour 2010 est finalement de 187 € par habitant au lieu des 324 € prévus.

Pour l’essentiel cela ne veut pas dire que la Mairie a obtenu des marchés publics de travaux moins chers que prévus mais plutôt qu’elle a pris du retard dans l’avancement de ces projets. L’exemple le plus patent à ce sujet est bien entendu l’aménagement du boulevard Foch. Avec 187 € investis en 2010 par habitant, on peut véritablement dire que les Beaucairois n’en n’ont pas eu pour leur argent. Et il y a fort à parier que les 445 € par habitant inscrits au budget 2011 ne constituent qu’un nouvel affichage politique qui ne verra finalement qu’une faible réalisation.

A quand un niveau d’équipement à Beaucaire qui soit à la hauteur de ses richesses ? Parce que le peuple beaucairois le vaut bien…

Du moins c’est ce que nous, nous pensons.

La sécurité sociale ou le rêve américain

Alors que Barack Obama, le président de la si riche et si puissante Amérique a tant de mal à faire accepter le principe d’une sécurité sociale pour tous ses concitoyens, il semble opportun de se poser la question suivante : par quel miracle, nous, petits Français, grévistes compulsifs, fainéants, râleurs, jamais contents, manifestant pour tout et rien, bénéficions- nous de la sécu qui fait partie de notre quotidien comme l’eau, l’air, l’électricité ?

S’il est aisé de lier le nom de Jules Ferry à l’école laïque et républicaine, qui connaît le nom de cet homme, ouvrier métallurgiste à 13 ans, ministre du Général de Gaulle à la libération, qui a créé la sécurité sociale et a drainé plus d’un million de personnes au cimetière du Père Lachaise en 1951, lors de ses obsèques ?

Un indice : son père, Antoine C., qui travaillait 12 heures par jour devant les hauts-fourneaux d’une vallée savoyarde fut renvoyé de son usine car il avait fait grève 7 jours durant afin d’améliorer le sort de ses collègues de travail. Son crime ? Il demandait la création d’une caisse de solidarité pour aider les familles de ceux qui, faute de protection, étaient mutilés par les coulées de métal en fusion.

Alors que la guerre de 14/18 éclatait et qu’Antoine dû partir au front, son fils embaucha à son tour dans une autre usine métallurgique, toujours en Savoie, il avait 13 ans. Commençait alors pour ce jeune homme une longue vie de militantisme syndical qui le conduisit au poste de ministre du travail de novembre 1945 à mai 1947.

En 18 mois, dans un pays dévasté, ruiné par 5 ans de guerre, cet homme pressé par le temps et par le patronat réussit tout de même à mettre en place les comités d’entreprise, les conventions collectives, le régime des prestations familiales, et, le 22 mai 1946, il instaura la Sécurité sociale pour tous.

Dans la même période, furent adoptés ce que nous appelons les « acquis du conseil national de la résistance » aujourd’hui mis en pièce par notre président : statut de la fonction publique, nationalisation d’EDF GDF, nationalisation des grandes banques de dépôts sur lesquelles lorgnent désormais sans vergogne les « grands capitaines d’industrie » tel Charles Beigbeider, celui de Poweo.

La collaboration de nombreux patrons avec l’occupant les ayant fragilisés, nombre d’entre eux n’en menaient pas large, craignant des représailles. Ils acceptèrent tout ou presque pour se faire oublier .C’est ainsi que les bas salaires furent majorés de 25 %, les hauts salaires de 15 % seulement malgré une faible résistance de leur syndicat le CNPF cher à Mme Parisot . Les temps et le pourcentage d’augmentation de salaire ont bien changé depuis.

Aujourd’hui, alors que le grand patronat a repris la main, qu’il est en position de force face à la division, à la léthargie des ouvriers, aux quatre millions de chômeurs, portant des coups sévères aux acquis sociaux avec la bénédiction d’un gouvernement aux ordres, qui se rappelle d’Ambroise Croisat ?

Le poulet à la tarasconnaise : spécialité amère

Fusion des commissariats – Le Maire jette l’éponge

Depuis le 1er juillet Beaucaire a intégré la Circonscription Interdépartementale de Sécurité Publique (CISP) Gard-Bouches du Rhône. En clair la fusion des commissariats de Beaucaire et de Tarascon est effective. M. le Maire s’est donc plié docilement à la volonté du Gouvernement en essayant de limiter les «dégâts». Résultat il ne restera à Beaucaire qu’un commissariat subdivisionnaire composé d’un effectif de douze personnes. Un commissariat en sursis car tous les policiers le savent, un commissariat de douze personnes n’est pas viable en raison des contraintes logistiques comme celles relatives au stockage des armes.

Hasard du calendrier, à l’heure où nous écrivons ces lignes, la Cour des Comptes présente un rapport intitulé «L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique». Ce rapport indique que sur sur la période 2002-2010, l’Etat a «consacré des moyens croissants budgétaires, technologiques et humains» à la politique de sécurité publique. Or la Cour des Comptes constate « des moyens en diminution» depuis 2009 et critique la gestion des services de police, qui «se fait par objectifs en fonction des statistiques».

Le rapport met aussi en évidence le «rôle grandissant des polices municipales», le manque de policiers sur le terrain, les hausses de violences faites aux personnes, l’efficacité contestable de la vidéosurveillance, ou encore baisse drastique des moyens des forces de sécurité. Il semble que l’enquête de la Cour des Comptes ait été effectuée à Beaucaire…

Mais rassurez vous, comme l’avait dit le Préfet, nous pourrons compter sur les renforts d’Arles voire de Marseille pour des interventions encore plus rapides et efficaces.

Alors croyez-le, les trafiquants n’ont qu’à bien se tenir !

Le poisson à la beaucairoise : spécialité à l’anis

Parmi les serpents de mer qui reviennent régulièrement à la surface des eaux troubles beaucairoises, il en est un qui ne manque pas de saveur : l’ouverture de l’écluse du canal sur le Rhône qui permettrait de transporter les ciments de Calcia par voie d’eau jusqu’au fleuve puis Fos, Lyon…

Cet argument, déjà avancé par Elie Bataille, repris par nos édiles actuels pour argumenter en faveur de la réouverture de l’écluse, vaudrait à Beaucaire un succès au moins équivalent à celui du Pitalugue dans le Vieux port (Marius, Fanny et César).

Ceux qui ont vu manoeuvrer des péniches dans le canal -prendre le virage à angle droit et s’aligner ainsi sur l’écluse- se souviennent des énormes vagues qui venaient frapper les berges et faire tanguer les bateaux amarrés le long des quais.

Le spectacle des plaisanciers du port à l’heure de l’apéro, à bord de leurs embarcations transformées en pitalugue à chaque passage des péniches cimentières, accrochés à leur bouteille de pastis, nous ravit par avance.

Nul doute que les poissons du canal s’inviteraient à l’apéro !

Les lois de la physique

Beaucaire est un laboratoire expérimental de physique appliquée, grandeur nature : le volume d’un corps a tendance à se dilater lorsqu’il est chauffé.

Notre bonne ville en est un exemple parfait qui voit, à chaque degré centigrade gagné aux thermomètres des façades, se dilater les terrasses des bars et autres gargotes; tables, chaises et parasols doublent ou triplent allègrement leur emprise au sol, quand ce ne sont pas des tunnels plastifiés aux qualités esthétiques discutables ; toute cette armée de pieds métalliques, bardée de faux marbre, s’étale, se glisse, rampe, se met à dégouliner, entre les arbres, sur les quais, les trottoirs, les berges, grignote même les chaussées et offre aux piétons les plus valides de faire preuve de leurs dons athlétiques, pour slalomer, sauter en hauteur ou en longueur, s’essayer au franchissement des haies, quand ce n’est pas dérouler une splendide faena au nez et au museau des bus et autos médusés.

C’est que par temps de grand’soif chaque centimètre carré vaut de l’or et son pesant de boisson anisée. Malheur donc aux piétons, surtout s’ils ont la mauvaise idée d’être handicapés : fauteuils roulants et béquilles s’abstenir ! Quant aux malvoyants, ils sont priés de s’équiper d’appareils à ultra-sons sophistiqués pour éviter les empilements d’obstacles en tous genres qui leur sont proposés. Ne parlons même pas des nourrissons qui auraient la fâcheuse idée de se lancer dans une traversée de boulevards à bord d’une poussette !

Décharges sauvages à BeaucaireStore d’un commerce local bien en vogue, et autres détritus dans la nature.
Les espaces publics retrécissent, les décharges sauvages se multiplient.

Espaces publics privatisés

Nos espaces publics sont privatisés, parfois au mépris de notre sécurité, au nom du gain ! Foin des règlements et des concessions, vive la joyeuse loi de la jungle ! Il semblerait même qu’on ait fait déguerpir d’une place un manège pour enfants qui commettait le sacrilège d’amputer un de ces établissements d’une vue imprenable sur le canal.

Sur la Côte d’Azur et en d’autres lieux du littoral, les citoyens ont reconquis «le chemin des douaniers», ce petit sentier qui longe la mer, propriété inaliénable de l’Etat et donc des promeneurs, et que certains propriétaires fortunés s’étaient ingénié à privatiser, à l’abri de leurs clôtures. Piétons de Beaucaire, flâneurs de tout poil, frères et soeurs en tranquilles déambulations, reconquérons nos trottoirs et, peut-être, sous les pavés… la plage ?

Indignez-vous !

Se sentant l’âme verte au point de se précipiter au pied de platanes centenaires menacés, ils montrèrent peu d’empressement à s’indigner une fois les talons tournés et les arbres tronçonnés.

Se sentant l’âme bleue au point de se précipiter dans un cortège pour défendre le commissariat en danger, ils montrèrent peu d’empressement à s’indigner une fois les talons tournés et les poulets envolés.

Se sentant l’âme noire au point de se précipiter dans les bras de quelque bonimenteur illuminé, ils montrèrent peu d’empressement à s’indigner une fois les talons tournés et la liberté confisquée.