Notre ami et camarade, membre de RPB, Jean-François Sirven, est décédé. Les mots suivants ont été prononcés en hommage, lors de ses obsèques, le 6 juin 2023. »

Jean-François,

Te rendre hommage lorsque tu étais parmi nous allait de soi pour toutes celles et tous ceux qui avaient la chance de te côtoyer.

En effet, depuis Chamborigaud où plongent tes racines, tu avais ramené sur les bords du Rhône toutes les qualités qui caractérisent les Cévenols bâtisseurs de « faïsses » : la ténacité, le goût du travail bien fait, la modestie, la discrétion derrière lesquels s’abritaient une générosité, une humanité sans faille. S’il est un mot qui fait l’unanimité parmi tous ceux qui t’approchèrent, c’est « gentillesse ».

Ce sont ces valeurs que tu mis au service des autres, notamment des enfants, dans l’exercice de ta profession d’instituteur, en particulier à l’École de la Poste où tu fis valoir ta bienveillante autorité et ton sens de la transmission. Beaucoup d’adultes d’aujourd’hui, qui hier furent tes élèves, s’en souviennent avec émotion.

Mais c’est un autre dévouement aux autres qu’il faut aussi évoquer et qui est constitutif de qui tu fus, profondément : ton engagement politique, ton militantisme.

C’est en 1965, tu avais 23 ans, lorsque tu adhéras au Parti Communiste où beaucoup de celles et ceux qui sont ici te rencontrèrent ; certains n’en sont plus, qui depuis ont fait des choix différents et c’est leur droit. Toi, tu choisis la fidélité mais une fidélité qui n’était ni aveuglement ni dogmatisme ni sectarisme. Tu n’étais pas l’adorateur d’une idéologie ni le courtisan de quelques dirigeants. Tes seuls guides étaient ton sens de la Fraternité, ton exigence de Justice, ton besoin d’être aux côtés des plus fragiles, des plus faibles, de nos frères et sœurs en Humanité. Il y eut, au cours de ces longues années, des aléas, des tragédies de l’Histoire, des évènements désespérants qui bousculèrent nos certitudes et mirent à l’épreuve nos convictions. Mais tu gardas l’essentiel, chevillé au cœur et au corps, sachant à l’occasion faire preuve de l’esprit rébroussier des cévenols qui n’acceptent pas les vérités toutes faites ni les certitudes dictées d’en haut.

Affichage, tractage, porte à porte, tenue des bureaux de vote : rien ne te rebutait et tu ne comptais pas ton temps. Surtout, durant une quarantaine d’années, tu fus le trésorier de la Section de Beaucaire, avec une compétence jamais démentie et un sérieux souriant, avec patience et disponibilité. Jusqu’au bout tu as tenu à assumer cette difficile responsabilité et nous ne t’en serons jamais assez reconnaissants. Et c’est aussi pour toi et grâce à toi que nous continuerons… même si, sans toi, les choses seront différentes et plus difficiles.

Vincent Bouget, secrétaire fédéral et l’ensemble des amis et camarades de la Fédération partagent notre émotion et s’associent à la peine des tiens.

Permets enfin à tes camarades de faire appel à ces quelques vers d’Aragon pour cet adieu :

Il y aura toujours l’eau le vent la lumière

Rien ne passe après tout si ce n’est le passant

C’est une chose au fond que je ne puis comprendre

Cette peur de mourir que les gens ont chez eux

Comme si ce n’était pas assez merveilleux

Que le ciel un moment nous ait paru si tendre…

Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle

Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici

N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci

Je dirai malgré tout que cette vie fut belle.