Un Pôle solaire va-t-il voir le jour à Beaucaire à l’instar du Pôle mécanique d’Alès ?

C’est en tout cas ce qui est ressorti de la supercommission municipale regroupant les membres des commissions PLU, environnement, agriculture et urbanisme au cours de laquelle les représentants d’EDF Energies Nouvelles ont présenté le projet de ferme photovoltaïque sur 900 ha au sud de la plaine de Beaucaire.

Outre cette ferme, le site de Bieudon abriterait une installation plus modeste où seraient testés de nouveaux matériels, une unité de production d’onduleurs s’implanterait sur la Zone industrielle Domitia. Par ailleurs, le lycée Paul Langevin serait sollicité pour former des techniciens compétents dans le domaine de l’énergie photovoltaïque. Voilà un programme alléchant, l’impact économique d’un tel projet étant bien réel pour Beaucaire.

Plusieurs aspects du projet de ferme photovoltaïque doivent être abordés

Contrairement aux apparences, ce projet n’est pas très vertueux en matière écologique. Alors que l’éclatement des lieux de production d’électricité vers les lieux de consommation éviterait de multiplier les lignes électriques et les pertes en charges (7 % de l’électricité produite en France disparaît dans le réseau), ce projet concentre la production au même endroit : la Vallée du Rhône, les lieux déficitaires étant l’extrême sudest (Nice) et la Bretagne. Par ailleurs, la production nocturne est nulle. Autre inconvénient, il faut mobiliser de très grandes surfaces au sol pour obtenir une production conséquente.

Ici les terrains concernés ont été gagnés sur les marais du delta du Rhône, aménagés pour permettre la culture du riz (nivellement, désalinisation, ressuyage). La qualité esthétique des paysages ainsi créés est réelle, mais reflète assez mal les contraintes subies par la flore et la faune pour mener à bien cette culture très gourmande en pesticides. La configuration du terrain (altitude 1 à 4 m) atténue l’impact visuel, les panneaux ayant une hauteur de 3 m, la ligne électrique étant quand à elle enterrée jusqu’à Jonquières.

Le projet présenté artificialiserait les terres de façon temporaire et réversibles, celles-ci étant rendues en l’état après 20 ans d’exploitation, sauf nouvelle autorisation d’exploiter et accord des agriculteurs concernés. Pendant 20 ans les sols seraient rendus à la nature, sans utilisation de désherbant, une coupe mécanique des végétaux étant envisagée.

Dans le même temps, soustraire 900 ha de rizière à l’agriculture gardoise n’est pas anodin pour les entreprises sous-traitantes. Ces arguments sont essentiels pour bien apprécier les enjeux pour l’agriculture et l’environnement.

La Chambre d’agriculture du Gard, longtemps opposée aux fermes photovoltaïques au sol, ainsi que le Scot (Schéma de cohérence territoriale) Sud Gard et le Ministre de l’écologie vont-ils voir d’un bon oeil le projet beaucairois ?

Les enjeux sont de taille : en admettant que ce dernier ait un avis favorable de la part de la Chambre d’agriculture, du Scot et du Ministère, sur quel argument juridique pourraient s’appuyer ces trois institutions pour refuser à d’autres opérateurs, présentant des projets de même nature, un même avis favorable ?

La difficulté de mener à terme ce projet ne viendra sans doute pas de Beaucaire, mais de l’extérieur.

La Poste, un combat exemplaire pour les autres services publics

Les citoyens sont de plus en plus soucieux et révoltés face aux menaces qui pèsent sur ce qui leur reste des Services Publics :

  • L’Education Nationale qui continue à supprimer des postes d’enseignants (17 à 18 000 à la rentrée 2010) et qui prétend lutter contre l’absentéisme des élèves en distribuant de l’argent aux «classes méritantes» ou des billets d’entrée à l’OM, en lieu et place de projets pédagogiques formateurs et structurants, en achetant la «paix» scolaire au détriment de l’enseignement des valeurs civiques, en passant des contrats douteux tout en «oubliant» ses missions primordiales !
  • La Santé, comme les autres services publics, n’est pas une marchandise ni un produit à rentabiliser… comment accepter d’être renvoyé à domicile le lendemain d’une intervention chirurgicale, de payer un forfait hospitalier en hausse de 25%, de régler des franchises médicales de plus en plus lourdes, quand la liste des médicaments remboursés s’allège de plus en plus ? Notre président l’avait dit il y a 2 ans : son modèle était américain et il fallait que les assurances privées mangent une part de plus en plus grosse du gâteau ! Sauf que le « modèle » n’en peut plus d’un système où seuls les riches peuvent se soigner correctement, au prix fort ! Obama rêve d’instaurer aux USA un système de Sécurité Sociale tel que la France l’avait instauré en 1945 ! Sacré Sarkozy, encore en retard d’une guerre !
  • EDF, qui multiplie les filiales (ERDF, RTE, …) en vue de sa privatisation, vient d’être dotée, par décision présidentielle, d’un nouveau PDG : Henri Proglio, dirigeant de la multinationale Veolia que les beaucairois connaissent bien pour son incapacité à gérer correctement leur réseau d’eau et d’assainissement. Veolia : 330 000 salariés à travers le monde, dans des domaines aussi différents que les transports, l’énergie, l’eau ou le traitement des déchets. Et c’est donc un forcené du système privé et de l’enrichissement de quelques-uns sur le dos de la collectivité qui vient d’être nommé à la tête d’EDF, tout en gardant des responsabilités à Veolia ! Il n’y a plus de frontière entre les intérêts privés et le Service Public !
  • Le frêt SNCF, malgré le Grenelle de l’environnement, est affaibli : désormais une entreprise ne pourra plus louer un wagon : ce doit être un train entier ou rien ! Des milliers de PME vont se tourner vers le transport routier polluant !

Et l’on pourrait multiplier les exemples de ce détournement de la démocratie, qui consiste à placer les intérêts vitaux et quotidiens de 60 millions de citoyens entre les mains d’une poignée d’affairistes, qui ont montré leur savoir-faire en plongeant le monde dans la crise économique, sociale et environnementale actuelle !

Il n’y a guère que l’inénarrable Jean-Marie André pour ne pas s’en offusquer ! Lors du Conseil Municipal du 29 septembre, le messie de la droite beaucairoise niait toute intention sarkoziste de privatisation de la Poste !