Toutes les citations en gris et italiques sont extraites du programme électoral de M. Bourbousson.
Dans son tract de campagne électorale consacré à l’agriculture, M. Bourbousson introduisait ses propositions en rappelant fort justement que cette activité impacte de façon importante l’économie locale. Deuxième poumon économique de la ville après l’industrie, elle génère environ 800 emplois stables, activité incontournable puisqu’elle couvre près de 7000 hectares sur un total de 8500. Ce sont les agriculteurs qui modèlent les paysages de nos campagnes et qui devraient permettre une gestion harmonieuse du territoire. Point d’orgue de cette omniprésence, l’arrivée en 2008 d’un exploitant agricole à la tête de la mairie, président de la cave coopérative de Beaucaire, membre actif d’un syndicat agricole influent et fin connaisseur des besoins de ce secteur d’activité.
Monde en crise soumis aux lois du marché et au diktat des centrales d’achat des groupes de grande distribution, ou monde en pleine expansion pour ceux qui chassent efficacement les primes distribuées par l’Europe et les collectivités locales*, il existe cependant entre ces deux extrêmes des exploitants qui ont su développer des filières de commercialisation leur assurant une indépendance financière et une certaine prospérité.
Mais les tendances observées dans l’industrie avec la fusion de groupes ou le rachat sous la forme d’OPA n’épargnent pas le monde agricole. Chaque année, le nombre d’agriculteurs diminue. Dans le Gard, on en compte actuellement environ 5500 (ils étaient 6400 en 2000, en 20 ans l’agriculture gardoise en a perdu 1800) et la surface cultivée est en baisse sensible chaque année. Les exploitations couvrent des surfaces de plus en plus grandes qui sont la propriété d’importants groupes régionaux. Face à ces prédateurs, la pérennité des nombreuses petites exploitations familiales pressurées par un environnement commercial toujours plus agressif est menacée.
Et que penser des 9 % de terres agricoles non exploitées dans le Gard alors que dans le même temps les bouches à nourrir sont toujours plus nombreuses ? L’agriculture donne à manger aux hommes et devra être capable de relever les prochains défis démographiques du 21ème siècle.
Dans ce contexte quelque peu contrasté qui rappelle celui que l’on connaît à Beaucaire, on peut s’interroger sur la politique mise en oeuvre par la majorité municipale et sur les promesses de campagne (terme fort à propos) de M. Bourbousson que l’on détaille en partie ici :
Favoriser le développement des circuits courts et encourager les débouchés locaux de restauration scolaire
A ce jour rien n’a été entrepris afin de permettre d’approvisionner toute l’année un lieu de vente collectif dans une maison de terroir ou de pays. Pire, le marché pour l’approvisionnement des cantines scolaires a été confié à une entreprise marseillaise. Une façon élégante de court-circuiter les circuits courts…
Produire de l’énergie
Cette proposition ne visait sans doute qu’à épaissir le catalogue des promesses et à apporter une caution estampillée «développement durable». Il s’agissait d’encourager les agriculteurs à produire du colza destiné à la fabrication d’huile comme substitut aux produits pétroliers et de les soumettre encore une fois aux investisseurs qui ne manqueront pas de spéculer sur ce nouvel or vert. Sans parler du fait que consacrer des produits alimentaires pour nourrir des voitures et non des hommes peut choquer !
Au lieu de cela, un projet (tombé du ciel) d’implantation d’une centrale photovoltaïque de production d’électricité, génératrice d’emplois et couvrant plus de 700 hectares de terres cultivables. La Chambre d’agriculture a donné son feu vert, les arguments avancés par les dirigeants de cette institution pour justifier ce choix mettent en avant l’aspect réversible de cette installation et la possibilité de rendre aux agriculteurs une terre vierge de tout traitement après 25 ans, ainsi que le versement de deux millions d’euros par an à cette même chambre.
Protéger le foncier agricole
Pour éviter le mitage et le morcellement des terres agricoles pour les transformer en autant de parcelles constructibles, une commune peut racheter des terres non exploitées afin de les rétrocéder à de jeunes agriculteurs souhaitant s’installer sur le territoire. A ce jour, aucune action de ce type n’a été entreprise par la mairie. Les demandes d’équipement en compteurs électriques sur des terrains de la plaine sont régulières en commission urbanisme et souvent refusées. M. Bourbousson bombe le torse devant deux élus de la gauche en prétendant s’attaquer au fléau que représentent les constructions de maisons sans permis (il en aurait dénombré 387) et dans le même temps s’autorise à transformer une écurie en résidence… sans permis au moment où les travaux ont commencé.
Raccorder l’habitat dispersé rural au réseau d’eau potable
En d’autres termes, il s’agit d’amener l’eau potable dans la plaine. Bien que les négociations entre le délégataire historique Veolia et la mairie soient déjà engagées, nous ne croyons pas à l’annonce faite en conseil municipal sur le rabais de 17 millions d’euros que serait prête à accorder l’entreprise sur ce projet. Nous ne croyons pas plus à la légalité d’un tel accord qui serait immédiatement dénoncé par des concurrents qui ne manqueront pas de répondre à l’appel d’offre que devra lancer la mairie. Affaire à suivre.
A la lueur de ce qui précède, on peut se demander si M. Bourbousson avait lu son propre programme tant la mise en oeuvre de celui-ci paraît hasardeuse. Et ce n’est pas le rapport réalisé par la Chambre d’agriculture du Gard, commandé par la CCBTA pour un coût de 30 000 €, et qui visait à établir un diagnostic sur l’agriculture de notre territoire, qui permettra d’y voir plus clair. En effet, à Beaucaire, seuls 37 % des exploitants ont répondu à cette enquête alors que toutes les autres communes de la communauté Terre d’Argence affichent des taux de réponses dépassant les 55 %. La malédiction Bourbousson a encore frappé…
(*) Retrouvez sur le site https://www3.telepac.agriculture.gouv.fr/telepac/tbp/accueil/accueil.action le montant des subventions versées par l’Europe dans le cadre de la PAC (Politique agricole commune) aux agriculteurs Beaucairois.