La sécurité sociale ou le rêve américain

Alors que Barack Obama, le président de la si riche et si puissante Amérique a tant de mal à faire accepter le principe d’une sécurité sociale pour tous ses concitoyens, il semble opportun de se poser la question suivante : par quel miracle, nous, petits Français, grévistes compulsifs, fainéants, râleurs, jamais contents, manifestant pour tout et rien, bénéficions- nous de la sécu qui fait partie de notre quotidien comme l’eau, l’air, l’électricité ?

S’il est aisé de lier le nom de Jules Ferry à l’école laïque et républicaine, qui connaît le nom de cet homme, ouvrier métallurgiste à 13 ans, ministre du Général de Gaulle à la libération, qui a créé la sécurité sociale et a drainé plus d’un million de personnes au cimetière du Père Lachaise en 1951, lors de ses obsèques ?

Un indice : son père, Antoine C., qui travaillait 12 heures par jour devant les hauts-fourneaux d’une vallée savoyarde fut renvoyé de son usine car il avait fait grève 7 jours durant afin d’améliorer le sort de ses collègues de travail. Son crime ? Il demandait la création d’une caisse de solidarité pour aider les familles de ceux qui, faute de protection, étaient mutilés par les coulées de métal en fusion.

Alors que la guerre de 14/18 éclatait et qu’Antoine dû partir au front, son fils embaucha à son tour dans une autre usine métallurgique, toujours en Savoie, il avait 13 ans. Commençait alors pour ce jeune homme une longue vie de militantisme syndical qui le conduisit au poste de ministre du travail de novembre 1945 à mai 1947.

En 18 mois, dans un pays dévasté, ruiné par 5 ans de guerre, cet homme pressé par le temps et par le patronat réussit tout de même à mettre en place les comités d’entreprise, les conventions collectives, le régime des prestations familiales, et, le 22 mai 1946, il instaura la Sécurité sociale pour tous.

Dans la même période, furent adoptés ce que nous appelons les « acquis du conseil national de la résistance » aujourd’hui mis en pièce par notre président : statut de la fonction publique, nationalisation d’EDF GDF, nationalisation des grandes banques de dépôts sur lesquelles lorgnent désormais sans vergogne les « grands capitaines d’industrie » tel Charles Beigbeider, celui de Poweo.

La collaboration de nombreux patrons avec l’occupant les ayant fragilisés, nombre d’entre eux n’en menaient pas large, craignant des représailles. Ils acceptèrent tout ou presque pour se faire oublier .C’est ainsi que les bas salaires furent majorés de 25 %, les hauts salaires de 15 % seulement malgré une faible résistance de leur syndicat le CNPF cher à Mme Parisot . Les temps et le pourcentage d’augmentation de salaire ont bien changé depuis.

Aujourd’hui, alors que le grand patronat a repris la main, qu’il est en position de force face à la division, à la léthargie des ouvriers, aux quatre millions de chômeurs, portant des coups sévères aux acquis sociaux avec la bénédiction d’un gouvernement aux ordres, qui se rappelle d’Ambroise Croisat ?