Sécurité et prévention de la délinquance : parlons-en !

Le thème de la sécurité, ou de l’insécurité, est devenu omniprésent dans le jeu politique local. Ainsi ce ne sont pas moins de 10 articles parus dans Midi Libre qui traitent de ce sujet depuis la rentrée de septembre. Pourtant, force est de constater que le format du Midi Libre n’est certainement pas le meilleur pour traiter de ce sujet dont la complexité nécessite de faire preuve de sérénité et de recul si l’on se donne pour ambition de faire progresser le débat. C’est pourquoi nous nous attachons dans ce journal à publier régulièrement des articles de fond sur le sujet.

Une population très précaire

Aujourd’hui, revenons sur les spécificités sociologiques de la commune et de ses quartiers. Avec plus de 4000 habitants, soit près du tiers de la population beaucairoise, le centre ancien cristallise toutes les fractures et constitue souvent la toile de fond des échanges houleux du conseil municipal.

Le départ massif des classes moyennes consécutif à l’ouverture à l’urbanisation en périphérie voulue par la municipalité André-Cellier a voué l’habitat du centre-ancien aux ménages les plus pauvres. Ainsi le revenu médian annuel est-il de 9 000 € en centre-ville, contre 13 500 € à Beaucaire, 16 500 € en région Languedoc-Roussillon et 18 300 € au niveau de la France métropolitaine. La population du centre-ancien est la plus pauvre de la ville dont la population est la plus pauvre du département dont la population est parmi les plus pauvres de la région Languedoc-Roussillon dont la population est parmi les plus pauvres des régions françaises.

Une commune riche mais inégalitaire

Ne pas confondre pauvreté de la population et pauvreté de la ville. Ainsi le volume budgétaire de la mairie est-il cette année de 2 045 € par habitant, ce qui est nettement supérieur à la moyenne nationale de 1 770 € pour les communes de même strate démographique.

En revanche, les écarts de richesses sont considérables. Ce constat s’illustre par les valeurs du ratio interdécile de l’INSEE qui mesure le rapport entre le revenu des 10 % les plus riches et celui des 10 % les plus pauvres. Plus ce chiffre est élevé, plus les écarts sont importants. Or il est de 26 pour le centre- ancien, de 10 pour la commune, de 7 pour la région et de 6 pour la France métropolitaine.

« Les immigrés ont pris la place des Beaucairois »

Le taux de chômage de la ville est de 20 % contre 15 % au niveau régional. Or 44 % des chômeurs habitent en centre-ville. Par ailleurs la population beaucairoise est largement sous-qualifiée puisque 30 % de sa population est sans diplôme contre 18 % au niveau national. Si l’on ajoute à cela un taux d’étranger de 27 % en centre-ville contre 14 % à l’échelle de la commune, et un racisme latent qui s’entend dans de nombreux propos – «Les immigrés ont pris la place des Beaucairois» qui laisserait supposer que cette population ne serait pas beaucairoise et n’aurait pas légitimité à y vivre-, tous les ingrédients du «ghetto» semblent ici rassemblés.

Le trafic de drogue enkysté

Certes, globalement la tendance des chiffres de la délinquance est à la baisse. Toutefois, si l’on entre dans le détail, certains aspects demeurent très préoccupants. C’est notamment le cas des infractions à la législation sur les stupéfiants qui sont passées de 6 en 2000 à 79 en 2010. L’économie souterraine du trafic de drogue semble donc s’être installée durablement à Beaucaire. Ce domaine est du ressort de la Police nationale, mais les moyens déployés en termes d’investigation sont probablement insuffisants au motif que l’agglomération de Beaucaire – Tarascon continue d’être un enjeu secondaire en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants face à des villes comme Nîmes et surtout Marseille.

Sentiment d’insécurité

Les chiffres ne sont qu’une représentation simpliste d’une réalité autrement plus complexe. Il convient d’évoquer le concept de «sentiment d’insécurité». C’est probablement une des erreurs de la municipalité actuelle que de ne chercher ni à le définir, ni à le quantifier. Ce constat est d’autant plus surprenant que la mesure du sentiment d’insécurité était prévue dans le dispositif d’évaluation du volet prévention de la délinquance du contrat urbain de cohésion sociale (CUCS) 2007-2009. Ce sentiment est-il généralisé ou non au sein de la population ? Résulte- t-il d’agressions physiques ou verbales constatées ou est-il seulement la conséquence d’une ambiance générale du quartier entretenue par l’état de dégradation de la voirie et des façades et les dépôts sauvages de déchets de toutes sortes pour ne citer que ces exemples ? La connaissance de ces données permettrait certainement de mieux identifier les actions à entreprendre dont les aspects répressifs ne sont qu’une composante parmi d’autres.

Nettoyage au Kärcher ?

Ce dernier point est fondamental, car la dimension répressive fait souvent l’objet de fantasmes savamment entretenus par le FN et la droite populiste qui laissent entendre que la délinquance relèverait d’un problème de «propreté urbaine» : la solution résiderait dans un dispositif de nettoyage musclé dont la métaphore du «Kärcher» est dorénavant connue de tous. Or il est illusoire de penser que ce type de méthode pourrait avoirune quelconque efficacité contre des troubles mineurs qui constituent l’essentiel des incivilités souvent considérées comme à l’origine du sentiment d’insécurité.

La présence quotidienne sur le terrain d’une police de proximité nous semble ainsi plus efficace que des descentes ponctuelles d’équipes d’intervention accompagnées de cars de CRS.

Ou police de proximité ?

La manière «traditionnelle» d’exercer de la police municipale renvoie à la notion de «police de proximité» qui consiste à allier la prévention, la coopération avec les habitants, et, avec les autres institutions, la connaissance du territoire et la qualité du service rendu à la population de manière à faire reculer le sentiment d’insécurité. Or c’est sur ce point que l’actuelle municipalité nous semble particulièrement déficiente.

En effet, la Police municipale peut afficher des chiffres de mises en fourrière record ou la participation de ses effectifs à la sécurisation des manifestations (abrivado, bodega etc.) : ce n’est pas cela qui contribue à faire reculer le sentiment d’insécurité. Il est important que les personnels acquièrent cette capacité de coopération avec la population qui passe immanquablement par l’abandon le plus souvent possible de la patrouille motorisée au profit de la patrouille pédestre et par une prise de contact avec les habitants qui ne se fasse pas uniquement après une demande d’intervention ou à l’occasion d’une verbalisation. Des formations spécifiques sur la police de proximité existent et il serait selon nous utile que tous les agents de la Police municipale de Beaucaire puissent en profiter.

Le centre de supervision de Beaucaire : autant qu’à Dijon !

L’incapacité de la municipalité à orienter le service de police dont elle a la charge vers des missions de proximité explique certainement l’insatisfaction souvent véhiculée par les Beaucairois sur le sujet et ce malgré une augmentation du budget (+56 % en 5 ans) et le renforcement massif des effectifs.

La mairie a préféré miser sur l’investissement en matière de vidéosurveillance (363 000 € en 5 ans) et ce malgré un rapport coût-efficacité plus que discutable. Rappelons que le centre de supervision emploie 12 personnes (autant qu’à Dijon pour 150 000 habitants), et autant que le nombre de policiers municipaux.

Certaines collectivités n’exploitent pas en temps réel les images qui sont donc simplement enregistrées et conservées durant la période légale. Aucun personnel spécifique n’étant alors affecté à ce dispositif, les 12 postes économisés pourraient ainsi être réaffectés à la Police municipale ou à la politique de la ville.

La mission de proximité est une tâche plus complexe mais plus valorisante

En conclusion, une redéfinition des objectifs et un redéploiement des effectifs des services de la Police municipale et de la vidéosurveillance nous semblent donc indispensables dans la perspective d’une présence accrue sur le terrain. Nous sommes conscients que la mission de proximité est une tâche plus complexe à assumer pour les agents que les seules missions de verbalisation et de sécurisation. Nous pensons cependant qu’elle devrait avoir un impact positif tant sur l’intérêt et la motivation des agents que sur la reconnaissance de la part de la population.

Sources ayant permis la rédaction de cet article : site de l’INSEE, Gazette des communes du 5 novembre 2012, Contrat urbain de cohésion social 2007-2009, Etude Civito 2009, site internet de la Ville de Beaucaire, Bulletin municipal – Ville de Beaucaire Nov./Déc. 2012

Editorial des 3 singes n°8 (2e semestre 2012)

A quelques mois des élections municipales, les esprits s’échauffent à droite. Le thème de la sécurité repris en boucle dans les médias locaux par les chefs de file de la droite depuis quelques mois sert d’écran de fumée à l’absence de réflexion globale sur la gestion de la ville. Elle révèle aussi la grande fébrilité des Bourbousson, Arèse et André face à l’ambition du jeune loup du FN qui laisse planer le doute sur sa candidature à Beaucaire. Loin de ces calculs politiciens, RPB poursuit son travail et approfondit sa connaissance des compétences indispensables à la saine gestion d’une cité. Loin des propos simplistes qui alimentent les fantasmes sécuritaires, nous revenons dans ce numéro sur le dossier de la sécurité que nous ne dissocions pas de celui de la prévention de la délinquance. Lutter contre le désoeuvrement et l’inactivité, souvent subis, et la précarité est une priorité affichée lorsque nous proposons la création d’un parc important de jardins familiaux sur le territoire de la commune.

La bataille des egos à droite ne laisse pas beaucoup d’espace à la réflexion. Les militants d’RPB misent au contraire sur l’intelligence des citoyens qui devront choisir entre la poursuite d’une politique qui a largement montré ses limites depuis 30 ans et un projet structurant et innovant que nous proposerons aux Beaucairois en 2014.

Lettre d’information d’octobre 2012

Ce ne sont pas les piètres résultats obtenus aux législatives qui vont décourager l’insatiable M. Bourbousson qui, après avoir cru ou fait semblant de croire qu’il pourrait siéger au Palais Bourbon, se lance dans la course à la présidence départementale du nouveau parti de droite l’UDI. Parions qu’à quelques mois des élections municipales, son aura dépassera les frontières du Gard pour illuminer la France entière.

Alors que l’opposition de droite gesticule sur le thème de la sécurité, M. Bourbousson s’invente un nouveau destin au sein d’un parti dont la paternité est aussi revendiquée localement par un certain Yvan Lachaud. Ces deux-là se retrouvent aujourd’hui pour briguer la tête du même parti alors qu’ils s’affrontaient violemment il y a quelques mois. Comprenne qui pourra.

Pendant ce temps, RPB poursuit son travail d’enquête et d’expertise sur des thèmes d’actualité et vous présente dans cette lettre d’information les derniers développements du dossier Veolia qui pourrait devenir « l’affaire Veolia » ainsi qu’un retour sur la réunion du conseil local de sécurité et prévention de la délinquance.

Le dialogue avec les responsables des partis de gauche est engagé. Ceux-ci ont répondu favorablement à notre lettre dans laquelle nous les invitions à venir débattre du contenu d’un programme ainsi que de la constitution d’une liste unique de gauche pour les élections municipales.

Quand Veolia prend l’eau !

Un petit goût d’été indien ce 24 octobre lors de la visite de la station de pompage des Arves, endroit stratégique de la commune, alimentant en eau potable tous les foyers beaucairois raccordés au réseau géré par Veolia.

RPB visite la station Veolia à  Beaucaire

Etaient présents : Christiane Rott et Claude Dubois, conseillers municipaux, André Piétri et Jacques Bacon, retraités actifs, M. Hernandez responsable d’exploitation de Veolia, Alain Ledur et Cédric Durand pour la Mairie.

Accueil courtois, présentation de l’installation, visite, photos en toute liberté.
Outre la visite de l’installation, l’enjeu de la visite est de vérifier la justification de la surconsommation d’électricité en 2011 (50 000Kw/h) alors que les pompes ont moins fonctionné cette année-là.

Les arguments avancés par Veolia vont s’écrouler les uns après les autres :

  • la pose d’un surpresseur ne peut justifier que 3000 KW/h (la facture nous a été fournie)
  • la présence de radiateurs n’est plus retenue, ils viennent en remplacement d’anciens radiateurs = 0 KWh/h
  • le compteur de la station d’épuration évoqué par Veolia dans son courrier du 19/09/2012-repris par Alain Ledur dans la presse– ne peut être pris en compte, car il n’a aucune incidence sur celui de la station de pompage = 0 KWh/h (Alain Ledur l’a admis).

Reste l’argument « pompe défaillante ». Sur la facture datée du 15 juin 2012 figure la date d’intervention : 14 mars 2012. Il s’agit de la réparation d’une fuite sur un tuyau en sortie de pompe.

M. Hernandez nous explique que cette fuite a créé un désordre sur l’ensemble des pompes, impliquant une surconsommation de l’ordre de 20 %. C’est sur ce point que nous allons désormais concentrer nos recherches.

La technicité et la compétence revendiquées par Veolia ne laissent pas de place aux négligences : ainsi est-il très difficile d’envisager que Veolia ait pu ignorer pendant des mois un problème de fuite sur le refoulement de la pompe, surtout si ce problème, selon les explications de M. Hernandez, génère des désordres de l’ordre de 20%.
La date d’intervention laisse à penser que la panne date de 2012 et non de 2011, année concernée par la surconsommation électrique.
La station fait l’objet d’un contrôle permanent : là aussi, difficile de croire que Veolia n’ait pas constaté cet incident courant 2011.
Il existe un registre des visites tenu par les techniciens de Veolia, lesquels notent les incidents constatés lors de visites régulières, nous l’avons demandé : il n’était pas disponible.
S’il s’avère que cet ultime argument (pompe défaillante) ne peut être retenu, la majorité municipale devra en tenir compte notamment lors de la renégociation du contrat en exigeant de Veolia une baisse conséquente du prix de l’eau : c’est là l’objectif principal de notre démarche.

En cas de fraude avérée, la Mairie pourrait aussi poursuivre le délégataire en justice pour présentation de faux bilan, mais, là, ne nous berçons pas d’illusions !

Sécurité et prévention de la déliquance – Parlons-en !

Le 10 octobre dernier s’est tenue la réunion annuelle du Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance en présence du préfet et de tous les acteurs concernés par cette thématique, qu’il s’agisse des polices nationale et municipale, du service politique de la ville ou du procureur de la République. Il ne faut pas être dupe face à ce genre de « grand-messe » où autosatisfaction et langue de bois marchent main dans la main. Les échanges de congratulations y sont légion et les vraies difficultés à peine évoquées : « la parfaite collaboration entre les deux polices », « si tous les maires suivaient les dossiers comme lui », « je n’entends pas de critiques, donc vous êtes rassurés » etc… Les questions et les réponses sont connues à l’avance, donc personne ne sera piégé… Ceci d’autant plus que la réunion n’était pas publique et que les élus d’opposition n’y étaient pas conviés. Heureusement qu’une de nos élus s’est invitée et a réussi à forcer les barrages…

Ceci dit, Il est vrai que mettre tout ce petit monde autour de la table n’est pas simple, car les acteurs de la prévention ont souvent une philosophie opposée à celle des acteurs de la répression, ce qui ne facilite l’instauration d’un dialogue qui se doit pourtant d’exister. C’est donc incontestablement une réussite au moins sur ce point car la réactivation du CLSPD est une démarche récente. Celle-ci est certainement à mettre au crédit du ton apaisant du service politique de la ville et de son élue de tutelle, Véronique Navarro, qui a succédé à Mme Vidal fin 2010. L’époque où l’ancien maire Jean-Marie André portait plainte contre le commissariat pour incapacité à faire respecter un arrêté municipal semble donc fort heureusement révolue.

Ce dialogue est indispensable car les chiffres sont difficilement interprétables. Ainsi si les procès-verbaux et rapports de la police en matière de rixes, différents et agressions sont passés de 9 en 2011 à 31 en 2012, est-ce parce que ces faits sont en augmentation ou grâce à un regain d’activité des agents de police sur le terrain ? De même comment mesurer le sentiment d’insécurité qui s’agrège souvent avec des préjugés racistes ou sociaux ? Pour notre part, ce qui nous interpelle -parce qu’il s’agit de données tangibles- est la part du budget consacré à la politique de la ville, à savoir 200 000 € (source site internet Ville de Beaucaire), à mettre en perspective avec celui de la police municipale, soit 876 000 € de frais fonctionnement (sources budget primitif 2012).

Ce dernier montant est d’autant plus préoccupant qu’il est en constante augmentation, + 56 % en 5 ans, sans augmentation significative des effectifs. C’est aussi le cas des investissements dans les caméras de vidéosurveillance dont le total sur la même période s’élève tout de même à 363 000 €.

Souhaitons qu’un rééquilibrage entre les services politiques de la ville et police municipale s’opère à l’avenir et que le savoir-faire des uns profite enfin aux autres. Il faudra pour cela que le projet politique de ces deux services converge, ce qui n’est pas gagné d’avance, compte-tenu des divergences de vues qui perdurent au sein de la majorité municipale.

Sécurité de droite : 20 ans de réchauffé

Christophe André talonné par Valérie Arèse sur le thème de l’insécurité, voilà qui rajeunit les moins jeunes d’entre-nous qui se souviennent que Jean-Marie André a longtemps agité cet épouvantail du temps de sa splendeur. C’était l’époque des hommes qui en ont, prêts à en découdre avec les délinquants. C’était en 1997 comme les coupures de presse ci-dessous le rappelle. Vingt ans de moulinets, de gesticulations, de coups de gueule pour constater que la droite, qu’elle soit représentée par la famille André, Valérie Arèse ou Jacques Bourbousson n’a jamais trouvé la solution à ce problème.

Coupures de journaux

Communiqué de presse

Le thème de la sécurité n’est pas de droite. Réagir Pour Beaucaire n’a pas attendu les sorties récentes de Christophe André pour alerter les Beaucairois sur la menace de fermeture du commissariat dès le printemps 2010 dans son journal. Nous mesurons chaque jour les dégâts de la politique du chiffre conduite par l’UMP pendant dix ans : abandon de la police de proximité, recours massif à la vidéo-surveillance. Méthodes appliquées ici à Beaucaire jusqu’à l’aveuglement pendant 20 ans par Jean-Marie André, Mireille Cellier et maintenant Jacques Bourbousson. Pour quels résultats ?

Les élus de gauche ne fuient pas le débat, au contraire. Nous appelons l’ensemble de nos concitoyens à se mobiliser sur ce thème pour réclamer le redéploiement des forces de police sur le territoire tout en redéfinissant le rôle très contesté de la vidéo-surveillance. Au lieu des petits mots du Conseil, les droites locales feraient bien mieux de s’investir dans l’organisation d’un véritable débat citoyen autour du bilan du Contrat Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance.

Pauvre Apollinaire : la joie ne vient pas toujours après Le Pen !

Cette période électorale est propice à la méditation et au questionnement : à quoi peuvent bien penser les gars de la Marine ?

L’immigration, source de tous nos maux ?

D’abord, peut-on imaginer que la «dame brune» fasse partir des centaines de milliers, voire des millions d’immigrés, sans un choc économique pire que la crise de 1929 ? Ou bien se contentera-t-elle d’obliger ces gens à se cacher dans des caves ou dans les bois ?

Ses électeurs croient-ils vraiment que les exploitants agricoles vont laisser partir une main-d’œuvre travailleuse, très peu coûteuse, peu revendicative ?

Et les «marchands de sommeil», qui ont, eux-aussi, en majorité, les yeux de Chimène pour le F.N, laisseront-ils partir de leurs logements vétustes ces si bons clients ?

Et puis, quand les «Arabes» seraient partis, la situation ayant très certainement empiré, il faudrait s’occuper des Espagnols, des Pieds-Noirs… Puis viendrait le tour des «Ritals », des Anglais, des Hollandais , des Belges ( Ah non ! Pas les Belges, ils ont de la trop bonne bière !), puis les Bretons, les Parisiens…

Alors, dans une «vraie France» de 40 millions d’habitants, dont la moitié de plus de 65 ans, serait-on enfin heureux dans nos maisons de retraite, redevenues des hospices, avec très peu de personnel certes, mais bien de chez nous ?!

Autre sujet de réflexion : une légende qui a la vie dure soutient que la gauche ouvre grand les frontières aux hordes de barbares. Les statistiques du ministère de l’intérieur disent plutôt l’inverse : l’immigration est plus massive sous les gouvernements de droite que sous ceux de gauche !

Et c’est logique : pour les partisans des «droites musclées», l’immigration et l’insécurité constituent leur fond de commerce. Sans cela, qui aurait envie de voter pour eux ?

Pour preuve, à Beaucaire, c’est pendant les 25 années de la municipalité André que l’immigration s’est brutalement accrue.

Cependant, une enquête historique véritablement sérieuse nous apprend que les déplacements de populations ont toujours existé depuis que les singes se sont mis à marcher sur leurs deux pattes arrière ! Il est évident aussi qu’Homo Sapiens a bien compris qu’une population sans mélange est condamnée à disparaître, non seulement sur le plan génétique mais aussi sur le plan culturel.

L’immigration est une richesse : combien de futurs Victor Hugo, de Marie Curie, de Zola… à condition de ne pas gâcher cette richesse potentielle en la confinant dans des quartiers ghettos.

Le problème, ce n’est pas les immigrés dans les villes. Non, le problème, c’est la ville, c’est-à-dire la façon dont on a traité l’urbanisme depuis près de trente ans, à Beaucaire comme partout en France. En refusant la mixité sociale, avec d’un côté, des immeubles surpeuplés dans des quartiers sinistres et écartés des zones d’activités, et de l’autre côté, des lotissements cossus…

Ces populations qui ont quitté leur village, leurs parents et amis, ne l’ont pas fait pour voir la Tour Eiffel ou pour avoir la Sécurité Sociale mais parce que leur pays a été pillé pendant deux siècles par les colonialismes et, devenu indépendant, s’est retrouvé endetté et escroqué par le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale.

Les déplacements de populations ne s’arrêteront pas avec un bulletin de vote car, avec une terre qui comptera, un jour prochain, 10, voire 12 milliards d’habitants, avec des religions qui interdisent la contraception aux femmes, avecdes sols encore plus pauvres que les humains qui les foulent ou les travaillent, peut-être même, un jour, sera-ce à notre tour de fuir notre région.

L’insécurité…

Le deuxième argument des électeurs tentés par un vote pour les droites extrêmes est l’insécurité.

Pourtant, les études sociologiques et statistiques montrent qu’il n’y a pas plus de crimes (meurtres, viols) aujourd ‘hui que 30 ou 40 ans auparavant (lire les excellentes études de Laurent Mucchielli à ce sujet). Le climat de peur quasiment paranoïde est entretenu par une presse toujours prête à en rajouter une louche avec le premier fait-divers venu, surtout en période électorale. Mais qui détient ces médias, sinon la droite ?

Par contre, les «incivilités» sont plus réelles et sont le témoin de malaises de nos sociétés de transition, comme ce fut le cas dans les années 1900 1910, avec les «Apaches», ou les années 50 avec les «blousons noirs». A chaque fois, à l’origine, le mal-logement, une urbanisation non maîtrisée, des populations déracinées. Les solutions ne viennent pas toutes seules mais dans le passé, on a su en trouver : de nouveaux modes d’organisation de la ville, développer une police de proximité et surtout mettre en place un système scolaire public digne de ce nom et qui évitait tout communautarisme.

Victor Hugo qui avait le sens de la formule disait :

Quand on ouvre une école, on ferme une prison !

Seulement, depuis 10 ans, un certain Nicolas S. qui ignore superbement nos grands écrivains, fait tout le contraire : il ferme les écoles et ouvre des prisons !

Le vote d’opposition épidermique frontal et frontiste ne peut changer une société en mutation, il ne peut servir qu’à livrer un pays, pieds et mains liés, au pouvoir d’aventuriers sans scrupules.

En fait, sur le plan de la pensée politique, on assiste à une confrontation entre les tenants des «Traditions» et et les adorateurs du changement, de la «bougite.»

Le raisonnable est un peu entre les deux. Le tissu socio-économique de notre pays a été quasiment détruit par une politique d’abandon des services publics (écoles, hôpitaux, bureaux de poste), des quartiers, de la police de proximité.

Il faut restaurer le maillage de tous ces services publics et pas seulement dans les zones à forte densité de population. Il faut aussi arrêter de jouer au «dialogue communautariste» en instaurant un dialogue direct entre la République et les citoyens, sans intermédiaire, en pratiquant une vraie laïcité.

Et si, en plus, on laissait tomber le système présidentiel, avec une constitution permettant la destitution d’un élu sur simple pétition, avec non renouvelement et non cumul des mandats comme le prévoyaient Condorcet ou Robespierre en 1792.

Chiche !

Lettre d’information d’avril 2012

Le grand soir électoral

Ceux qui connaissent bien le microcosme politique beaucairois ne s’étonnent pas des résultats du premier tour des élections présidentielles. Marine Le Pen arrive en tête avec 34,12 % des voix. Suivent François Hollande crédité de 23,57%, Nicolas Sarkozy à 21,56 % et Jean-Luc Mélenchon qui obtient 11,64 %.

Fait notable si on compare ces élections aux présidentielles de 2002, scrutin de référence pour établir des comparaisons avec celui de 2012, le FN recule puisqu’à cette date, le vote d’extrême droite attirait plus de 40 % des électeurs. C’est une petite victoire pour tous les républicains et plus particulièrement pour les membres de Réagir Pour Beaucaire.

Si à l’échelle nationale, les dirigeants du FN peuvent se prévaloir d’une certaine virginité politique car n’ayant exercé aucun mandat exécutif, il n’en va pas de même à Beaucaire. Ce parti extrémiste a accompagné des majorités municipales dirigées par M. André et Mme Cellier. Pour ensuite porter son dévolu sur M. Bourbousson en 2008, le secrétaire départemental du FN appelant à voter pour lui.

En 2014, à l’heure des bilans, les Beaucairois devront juger 30 ans de gestion commune de la mairie par la droite beaucairoise dans toutes ses composantes et de l’extrême droite.

Il convient aussi de souligner la progression constante des voix de gauche depuis 2002. Cette année-là, elles représentaient environ 30 % des voix, en 2007 on dépassait les 31 % et le premier tour de la présidentielle a crédité l’ensemble des forces de gauche de 38 % des bulletins exprimés. Cette tendance doit se confirmer dans les deux années à venir pour permettre une vraie alternance aux prochaines municipales.

Pour le second tour et sans ambiguïté, les membres de Réagir Pour Beaucaire appellent à voter François Hollande. Toutefois nous savons que gagner la bataille des présidentielles ne rimera malheureusement pas avec une défaite de la finance et du MEDEF. Ces derniers attendent avec impatience la fin des élections pour contraindre nos dirigeants à mettre en place les réformes structurelles (baisse des salaires, disparition du CDI, etc…) censées nous garantir la maîtrise des déficits publics. Mobilisation populaire et esprit critique devront donc se poursuivre au-delà de nos fatigues légitimes et ce, dans toutes les occasions possibles, à commencer par les élections législatives.

Nous attendons avec impatience le choix de M. Bourbousson qui ne s’est pas officiellement prononcé pour le second tour. Peut-être attend-il le résultat final pour révéler le nom de celui qu’il aura choisi ?

Sécurité : Pour un meilleur service rendu

Le vote du budget primitif 2012 révèle une évolution significativement à la hausse des dépenses de fonctionnement de la police municipale qui sont ainsi passées de 522 384€ en 2008 à 876 090€ en prévision pour 2012. Ce constat est à conjuguer avec les dépenses d’investissement en matière d’équipement de vidéo-protection eux aussi en croissance constante comme le montre le graphique ci-après. Le cumul des deux, en jaune sur le graphique, devrait franchir cette année la barre symbolique du million d’euros malgré un service rendu toujours insuffisant selon nous. Certe il est aisé d’installer toujours plus de caméras subventionnées à 25% par le gouvernement Sarkosy. Mais on oublie que derrière, ce sont les Mairies qui ont en charge leur maintenance et la fonction de supervision. Ces coûts seraient donc certainement plus utiles pour la formation des policiers et le renforcement de leur présence sur le terrain.

  Dépenses de sécurite depuis 2010

1er Mai : la fête des revendications !

Non, le 1er Mai n’est pas la «fête» du travail puisqu’elle est née dans le sang : c’est en effet aux Etats-Unis, à Chicago, en 1886, que pour la première fois des ouvriers grévistes défilent ce jour là pour réclamer la journée de travail de 8 heures ; dans les jours qui suivent, au cours de nouvelles manifestations, trois salariés sont tués par la police, elle-même visée par un attentat à la bombe, peu après…Cinq militants «anarchistes» seront pendus ; leur innocence sera établie plusieurs années plus tard.

Mais l’idée est lancée et fait son chemin en Europe : désormais, chaque premier mai va être l’occasion de réclamer, grèves et manifestations à l’appui, la journée de 8 heures et la semaine de 48 heures (la France ne l’acceptera qu’en 1919 !). En attendant, à Fourmies, dans le Nord, le 1er Mai 1891, le patronat du textile fait appel à la troupe : 10 manifestants sont tués dont 8 ont moins de 21 ans !

Le 1er Mai 1936, à deux jours du second tour des élections législatives (tiens, tiens) qui porteront au pouvoir le gouvernement de Front Populaire de Léon Blum d’immenses défilés réclament des droits nouveaux, obtenus grâce aux grèves et occupations d’usines qui dureront jusqu’en Juin. Parfois, il faut savoir prolonger le 1er Mai !

Celui qui institua la «fête» du «vrai travail et de la concorde sociale» (style MEDEF/Actionnaires de Carrefour/ agents de caisse de supermarchés, même combat !) fut Philippe Pétain en 1941, en parallèle avec la création de la «fête» des mères (françaises), histoire d’ancrer dans le calendrier son triptyque : Travail/Famille/Patrie.

Ce petit retour en arrière est à méditer, certains n’hésitant pas à faire ressurgir des placards de l’Histoire un vocabulaire et des thèmes qu’on pensait révolus, histoire d’attirer à soi les tenants d’un «ordre» brun et les partisans de certaine héritière qui, une nouvelle fois enfourche son canasson pour mener la croisade aux côtés de Jeanne d’Arc, au lieu d’être au milieu des salariés, retraités et chômeurs qu’elle prétend défendre !

Les revendications ne manquent pas, les attentes non plus, qu’il s’agisse des salaires, de la précarité, de la souffrance au travail, des retraites, de la protection sociale, du droit de regard des salarié(e)s sur la marche de l’entreprise….. Sans oublier, la nécessaire solidarité qui doit se faire entendre au-delà des frontières, de la Russie à la Chine, en passant par la Syrie et tant d’autres lieux, pour que les femmes et les hommes de là-bas puissent aussi exercer ce droit élémentaire de revendiquer, manifester, s’organiser.

Ce premier Mai, expression des attentes mais aussi de la détermination à changer vraiment les choses, se doit d’être exceptionnel !

Rendez-vous donc Place Jean Jaurès (le Planet), à Beaucaire, Mardi à 10h30 !

Gens du Voyage : pourquoi tant de haine ?

Ils sont nos Indiens ! Comme en Amérique du nord, au XIXème siècle, mais sans les plumes ! Rejetés de tous, même des migrants fraîchement arrivés lesquels, pourtant, largement honnis par ceux qui étaient là un peu avant.

Le rejet et la méfiance des sédentaires envers les nomades sont très anciens et datent certainement des débuts de la période néolithique (au moins 10 000 ans). On retrouve cet antagonisme dans la plus ancienne épopée de l’histoire : celle de Gilgamesh, qui date de 4000 ans au moins. C’est le moment où une partie de l’humanité a décidé que la terre, les animaux, l’eau des sources lui appartenaient et a commencé à repousser les non-sédentaires.

On retrouve aujourd’hui, par certains côtés, cette opposition entre les propriétaires et les autres. Ce n’est pas par hasard si les hommes politiques, en général de droite, veulent une France de propriétaires.

Et pourtant, un peuple sans état, sans frontières, n’est-il pas le plus européen de la Communauté ?!

Combien sont-ils ?

Ils sont environ 10 à 12, voire 15 millions en Europe.

En France, les statistiques à caractère «ethnique» étant illégales, on ne peut se fier qu’au nombre de carnets de circulation, soit environ 150 000 itinérants.

Comment les appeler ?

Selon les époques, on a utilisé plusieurs noms : Bohémiens, Romanichels, Manouches, Egyptiens, Zingaros, Gitans, Tsiganes, Roms, etc…

La dénomination « Gens du voyage » est purement française et administrative. Apparue en 1972 ( à la suite de la loi de 1969 ), curieusement elle désigne les Roms ( et quelques autres nomades) même s’ils ne voyagent pas ! En fait, il faut savoir qu’environ 1/6 des Roms pratique le nomadisme, les 5/6 restants justifient d’une adresse.

Il semble qu’actuellement on s’accorde sur le terme de Rom. Rom veut dire « Homme » en langue Romani, laquelle dérive du sanskrit (langue ancienne de l’Inde).

D’où viennent-ils ?

Nous savons depuis longtemps que les Roms sont originaires de l’Inde, et plus précisément de la ville de Kannauj ( près de Kanpur et d’Agra, et non loin du Gange ), dans l’état de l’Uttar, le plus peuplé de l’Inde. Le linguiste Marcel Courtiade de l’Institut des Langues Orientales (INALCO) a ainsi pu retrouver de très nombreuses similitudes entre la langue Rom et les langues parlées dans cette province de l’Uttar Pradesh. Jusque vers l’an mil, Kannauj était la capitale d’un royaume important et prospère.

En 1018, des conquérants afghans s’emparent du royaume et emmènent en esclavage la population Rom dans la région du Khorassan (nord-est de l’Iran actuel et ouest de l’Afghanistan).

Cette région va très vite subir les invasions turco-mongoles et, dès lors, les Roms vont entamer leur exode vers l’ouest en très grande majorité. Au XIVème siècle, on les trouve au Proche-Orient, dans ce qui reste de l’empire Byzantin.

Les Turcs Ottomans arrivant en Anatolie, les Roms se réfugient dans les Balkans et beaucoup longeront le Danube où ils se fixeront.

Cela fait plus de 600 ans qu’ils sont en Europe et même en France : un texte de l’année 1419 signale, dans l’est de la France, l’arrivée de groupes d’étrangers, à pied, habillés autrement que les gens du pays et dormant en plein air à même le sol.

Tantôt appréciés, tantôt honnis…

En France, ils furent remarqués et appréciés pour leurs connaissances dans le domaine équestre ou de la métallurgie et on trouve, aux XVème et XVIème siècles, des campements roms au pied des châteaux-forts, pour assurer l’élevage et le dressage des chevaux des seigneurs locaux.

Après le décret de Louis XIV de 1689 sur le vagabondage, ils seront de nouveau, pour la plupart d’entre eux, itinérants.

Le XIXème siècle sera pour les Roms à nouveau une période assez favorable. C’est à ce moment qu’on commence à les voir se déplacer en roulotte car le prix des chevaux est devenu plus bas. Ce sont leurs qualités de musiciens qui vont être recherchées : c’est l’époque où les bourgeois, les poètes et bien d’autres viennent faire la fête dans les camps de Bohémiens.

Cependant, les Roms ne sont pas tout le temps occupés à distraire le bourgeois : ils sont également souvent sollicités pour les travaux saisonniers de la campagne : fenaison, moisson, vendanges car beaucoup de jeunes ruraux sont partis travailler dans les usines des grandes villes.

Dans l’ensemble, même si les paysans se méfient un peu des «voleurs de poules», ils sont plutôt bien acceptés. Mais, à partir du second empire, l’administration commence à se méfier et surveiller tous les «sans domicile fixe», jugés incontrôlables. Il faut rappeler que les chemins de cette époque sont très fréquentés : ouvriers saisonniers, compagnons du Tour de France, colporteurs, etc…

Au XXème siècle, les conditions de vie des Roms vont se dégrader

D’abord, la mécanisation de l’agriculture fera qu’il n’y aura plus besoin d’assistance pour les travaux saisonniers et, avec la société de consommation, plus besoin non plus de rempailler les chaises ni de réparer les paniers. En même temps, l’espace de libre circulation se rétrécit comme une peau de chagrin : le barbelé règne partout car les éleveurs entourent leus pâtures, faute de jeunesse pour surveiller les bêtes.

Ensuite, les tracasseries administratives et surtout policières vont se faire de plus en plus pressantes : la surveillance et le contrôle vont s’intensifier. Avec la loi de 1912, le contrôle des nomades sera encore plus tâtillon : carnet anthropométrique obligatoire et infamant. En quelques années, les colporteurs vont disparaître du paysage.

Le pire viendra avec le régime de Vichy : camps de concentration de Saliers près de Saint-Gilles et de Montreuil-Bellay en Maine-et-Loire. Ce fut une période noire pour ce peuple pourchassé aussi par les autres états européens : sédentarisation forcée avec Staline et surtout extermination par le IIIème reich.

Au XXIème siècle, des sous-citoyens

La loi de 1969, toujours en vigueur, est très discriminante car elle crée deux sortes de citoyens, selon l’existence d’un domicile fixe ou non ! L’obtention d’une carte d’identité en dépend, le droit de vote aussi et à condition de déclarer une commune de rattachement.

Les lois de mai 1990 et juillet 2000, dites Lois Besson ( du nom du député savoyard Louis Besson, à ne pas confondre avec le triste Eric Besson), bien que ne cherchant pas à favoriser spécialement les gens du voyage, invitaient les communes de plus de 5000 habitants à proposer des aires d’accueil correctes, plus ou moins grandes selon une gestion départementale supervisée par le préfet.

Ces lois seront mises à mal dès la loi sur la sécurité intérieure puis les différents aménagements sécuritaires chiraco-sarkoziens.

En fait, en y regardant de plus près, nous voyons que notre République pratique l’apartheid en désignant un groupe de sous-citoyens, foulant ainsi aux pieds sa devise.

La Liberté est bafouée : essayez, si vous êtes un Rom, d’installer votre caravane dans un camping, même sans étoile, ou de vous arrêter quelques minutes sur une place publique.

Bafouée l’Egalité : avec un carnet ou livret de circulation, vous devez pointer au commissariat ou à la gendarmerie, comme les personnes astreintes à résidence. Vous commencez à obtenir quelques droits si vous déclarez une commune de résidence, à condition de ne pas dépasser 3% de la population !

Quant à la Fraternité, il suffit d’observer les opérations de contrôle dans les campements de nomades : le côté «câlin» des C.R.S vous fait penser à la rafle du Vél’d’Hiv.

Finalement, les Roms ne sont «considérés» que comme prétextes de choix pour des maires ou politiciens, pas toujours de droite, pour justifier des décisions sécuritaires et flatter leur électorat.

Contraints souvent à stationner dans des zones insalubres, à la merci de sectes plus ou moins religieuses, leurs conditions de vie mènent à l’acculturation et à une sorte de lent génocide. Leur histoire rappelle celle d’autres diasporas célèbres comme celle des Juifs ou des Arméniens. Les bonnes consciences ne se réveillent-elles systématiquement qu’après coup, comme après la deuxième guerre mondiale ? Faudra-t-il l’ouverture de nouveaux Dachau ou Buchenvald pour qu’elles se manifestent ?

Il est vrai qu’avec l’augmentation continue de la densité de population en Europe de l’ouest , le nomadisme sera de plus en plus problématique : les zones rurales sans clôtures, sans propriétaires ou non protégées par des décrets ont diminué comme peau de chagrin pendant que les populations sédentaires sont de plus en plus méfiantes et hostiles.

C’est pour ces raisons que la solution des aires de stationnement des Gens du Voyage est intéressante, plutôt que les laisser s’installer n’importe où, dans des zones dépotoirs ( bretelles d’autoroutes, proximité de lieux insalubres, etc…) tout en déplorant la saleté des lieux après le départ des caravanes.

Certes, il ne faut pas tomber dans l’angélisme. Il arrive que des aires de stationnement ne se retrouvent pas aussi propres qu’elles le devraient après un séjour mais c’est, semble-t-il, moins fréquent qu’on ne le dit et, de toute façon, n’est-ce pas le cas de la plupart des lieux fréquentés par un public «de passage» : allez jeter un œil dans les lieux à touristes ou à grand public, dans les forêts ou sur les plages, sans parler du comportement des usagers des camping-cars : ce ne sont pourtant pas des «Gens du Voyage» !

Dans la région du Bourboustan, on botte en touche en ne décidant rien. «C’est à l’Etat de régler le problème».

Mais ces gens sont déjà là, régulièrement. Ce n’est pas l’installation d’un emplacement qui les fera venir !

Est-il vraiment préférable de laisser l’Etat décider à notre place et choisir l’emplacment sachant que le financement sera quand même assuré, d’une manière ou d’autre, par les contribuables.

C’est entre autres ce que faisait remarquer M. Dubois au conseil municipal après le vote négatif de la majorité et des élus d’oppposition de droite au sujet d’une aire de 20 emplacements.

La LDH a édité un guide très complet «Roms de France, Roms en France» environ 100 pages, 10€

Communiqué de presse

La majorité municipale organise des réunions de quartier, rend compte de son activité et se veut à l’écoute de ses administrés. Nous ne pouvons que nous satisfaire de cette démarche démocratique qui permet aux citoyens d’interpeller les élus sur la gestion de notre commune.

A cette occasion, l’adjoint à la sécurité nous propose la mise en place d’une organisation dénommée « voisins vigilants ». Rappelons que ce concept est facultatif, et n’est pas imposé par la loi contrairement à ce qu’affirme le Maire M. Bourbousson : c’est une démarche politique et idéologique qui répond à la demande insistante du Ministre de l’intérieur relayée au niveau local par le Préfet. De là à en conclure que ce dispositif doit pallier la baisse des effectifs (encore 3000 policiers et gendarmes en moins en 2012) voulue par le gouvernement dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) il n’y a qu’un pas.

Pour nous « Réagir pour Beaucaire », postulant pour la gestion future de la cité, les problèmes de sécurité doivent être appréhendés en premier lieu par une présence systématique sur le terrain des forces de police afin de prévenir tout acte délictueux. L’approche sécuritaire du gouvernement et des édiles locaux ne peut engendrer que des tensions ayant pour corollaire la suspicion et la peur des citoyens entre eux. Le « vivre ensemble » implique l’écoute, l’entraide ; la participation de tous à la vie locale et doit permettre de dépasser les clivages ethniques et religieux que veulent nous imposer les appels à la haine des pourfendeurs du « Vivre Ensemble ».

La vigilance est une posture inquiétante quand elle est encouragée par un pouvoir aux abois, elle est une vertu quand elle s’applique à la surveillance que devrait exercer chaque citoyen sur la gestion des affaires publiques.

Brève : comités de vigilance

Le maire applique avec ferveur les idées de Sarkozy et du FN en créant des comités de vigilance dans les quartiers résidentiels de la ville. Main dans la main, M. Bourbousson et le préfet ont pourtant justifié la fusion des commissariats par une meilleure efficacité des services de police sur le territoire. Sauf dans les quartiers résidentiels apparemment…

Sécurité : rendez-vous avec XL

RPB : Alors M. XL, il semblerait que l’insécurité refasse parler d’elle à Beaucaire ?

XL : Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. RPB : Des coups de feu rue Nationale, devant la Police municipale. On ne parle que de ça en centre-ville.

XL : Oh, vous savez ce n’est pas la première fois que cela arrive. En fait ce n’est qu’une manifestation parmi d’autres du folklore beaucairois. Toutefois il est vrai que cet événement est survenu après plusieurs mois de dégradation d’une situation déjà précaire et s’est produit devant le bâtiment de l’autorité qui devait, d’après le programme de M. BOURBOUSSON, rétablir la sécurité. Rappelez-vous les écrits de ce dernier lors de la campagne 2008 :

Nombre de Beaucairois se plaignent d’un manque évident de présence policière sur la commune. Nos propositions : donner à la Police municipale les moyens de retrouver pleinement son rôle….

RPB : Je crois me souvenir qu’en ce qui vous concerne, vous jugez que la Police municipale n’est pas compétente en matière de lutte contre la délinquance et le trafic de stupéfiant.

XL : En fait il conviendrait de nuancer les propos de notre dernière entrevue. En effet l’article 73 du code de procédure pénale stipule ceci :

Dans les cas de crime flagrant ou de délit flagrant puni d’une peine d’emprisonnement, toute personne a qualité pour en appréhender l’auteur et le conduire devant l’officier de police judiciaire le plus proche.

La Police municipale, sous réserve d’une réelle volonté politique de son donneur d’ordre, est donc tout à fait compétente pour assurer, en partenariat avec la Police nationale, des missions de prévention et de répression de la délinquance et du trafic de stupéfiants. D’ailleurs M. BOURBOUSSON ne s’était pas trompé dans son programme en proposant de «développer le travail en réseau avec les différents partenaires […] : Police municipale, Police nationale, Gendarmerie et Douanes».

RPB : Oui, enfin il avait juste oublié les travailleurs sociaux.

XL : Certes, mais le principe était pertinent en tout cas.

RPB : Au moins autant que les résultats !!! Quand M. BOURBOUSSON disait «Notre objectif est de faire rapidement de Beaucaire une ville plus sûre», à votre avis il raisonnait sur combien de mandats ?

XL : Vous savez M. Le maire pourrait vous répondre que les statistiques de la délinquance sont restées stables durant les deux premières années de son mandat.

RPB : Mauvaise foi, langue de bois, tout est possible. Mais enfin tout le monde sait que la majorité des violences et des incivilités du centre-ville est transparente aux statistiques car elles ne font que rarement l’objet d’un dépôt de plainte. Les coups de feu c’est juste la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le ressenti de la population n’est pas mesurable avec des chiffres.

XL : Vous avez raison, mais n’oubliez pas que la Police municipale n’est pas seule en cause. Compte-tenu des moyens mis à la disposition de la brigade des STUP au niveau national, la priorité dans notre région ce sont des grandes villes comme Nîmes ou Marseille. Même si au demeurant tout le monde sait que Beaucaire est une plaque tournante.

RPB : A vous entendre la situation est grave…

XL : Non, ça risque d’être pire lorsque les commissariats de Beaucaire et de Tarascon auront fusionné et je ne parle pas de la perspective de passer à terme Beaucaire sous le contrôle de la Gendarmerie nationale.

RPB : Mais alors qu’est ce qu’on peut faire ?

XL : Je ne sais pas moi, créer une association, publier un journal, organiser des manifestations citoyennes…

Beaucaire-caméras-surveillance

Le FN à Beaucaire

L’insécurité républicaine

Que faut-il retenir des résultats à Beaucaire des dernières élections régionales ? Avec une participation au premier tour de 42 % et d’un peu plus de 48 % au second tour, il serait hasardeux de tirer des conclusions définitives sur les rapports de force entre la gauche et la droite/extrême- droite.

Mais une nouvelle fois, Beaucaire offre au front national l’un des ses meilleurs scores, celui-ci dépassant la barre des 36 % au second tour. Cette situation n’est pas nouvelle, malheureusement, puisque Le Pen obtenait un score à peu près identique au premier tour des élections présidentielles de 2002. A cette époque les raisons de ce vote protestataire étaient déjà connues et analysées dans les médias : chômage et pauvreté endémiques, centre-ville transformé en ghetto social et ethnique, insécurité et impunité de petites frappes se livrant au commerce de stupéfiant, racisme viscéral d’une partie de la population.

En huit ans rien n’a changé, les mêmes causes entraînant les mêmes effets. La responsabilité des dirigeants politiques locaux est évidente, ceux-ci ayant systématiquement instrumentalisés le thème de l’insécurité à des fins électoralistes. A droite, Jean-Marie André et ses affidés, par ses nombreuses déclarations, a contribué à décomplexer les idées xénophobes et racistes. L’abandon du centre-ville, transformé en ghetto, ce vivier de peurs si fédératrices, a servi les discours sécuritaires de la droite locale et a justifié le recours massif à la vidéo-surveillance. Personne ne peut nier son inefficacité (sauf les démagogues et les actionnaires des sociétés commercialisant ce matériel) à Beaucaire, les dernières fusillades dans le centre en apportent une preuve flagrante et… détonante.

A droite toujours, un Bourbousson qui nie du bout des lèvres le soutien du FN local qui lui a permis d’être élu. Son action prolonge celle de ses prédécesseurs en matière de sécurité et son implication dans ce dossier inexistante.

A gauche le thème de la sécurité a été longtemps un sujet tabou, un thème sensible qu’il ne fallait pas aborder, une pente glissante sur laquelle il ne fallait pas se laisser entraîner. Mais ce déni de réalité ne répond pas à une attente des classes populaires, en particulier celles du centre-ville, qui souffrent quotidiennement du comportement déviant de certains individus qui méprisent les lois de la République.

Réagir Pour Beaucaire s’est emparé du dossier de la sécurité et rappelle qu’il n’y a pas de fatalité à cet état de fait. Le maire est garant du bien-être de ses administrés et peut agir en interpellant les pouvoirs publics : police nationale, procureur de la République, préfet. Si son action est volontaire et courageuse, alors les choses peuvent changer.

Mais le courage et la volonté politique ne semblent pas faire partie des qualités du premier magistrat actuellement en poste.

Beaucaire Espoir vous aviez dit ?

Rendez-vous avec Monsieur XL

Réagir pour Beaucaire a rencontré pour vous un certain Monsieur XL. Son dossier ne relevant pas du secret défense, nous vous livrons ici ses révélations sur la sécurité à Beaucaire.

RPB : Alors dites-moi Monsieur XL, pourquoi un dossier sur Beaucaire?

XL : Parce que son image m’a intéressé. Au niveau national c’est une petite ville de province où le FN est toujours très présent (plus de 20% aux dernières élections européennes). Localement Beaucaire a l’image d’une ville sale et peu sûre qu’il convient d’éviter. Cette image est d’ailleurs véhiculée par de nombreux beaucairois. Pourtant ce qui surprend lorsque l’on arrive dans cette ville ce n’est ni le bruit ni l’odeur mais plutôt la richesse de son architecture et la diversité de ses paysages.

RPB : Mettons de côté l’aspect environnemental pour le moment voulez-vous. Selon vous quelle est la réalité de l’insécurité à Beaucaire ?

XL : En fait je pense qu’il faudrait plutôt parler de sentiment d’insécurité car les statistiques en matière de délinquance ne sont pas pires qu’ailleurs. En revanche la peur de l’autre est très prégnante et a été savamment entretenue par une partie de la droite locale pendant des années pour des motifs évidemment électoralistes. A force de dire que le centre-ville est infréquentable on finit par y croire…

RPB : Pourtant on a coutume de dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu ?

XL : A moins qu’il ne s’agisse d’un écran de fumée destiné à masquer la réalité. Il suffit de questionner la Police Nationale sur les chiffres relatifs aux agressions en centre-ville. Si vous interrogez des habitants du centre-ville la majorité vous répondra qu’il s’agit plus d’incivilités que d’insécurité : stationnement gênant, tapage nocturne et diurne, dépôt d’ordures en dehors des heures autorisées, rejets de détritus en pleine rue etc. Toutes ces petites choses qui ne sont pas vraiment des délits mais qui ont tendance à user votre quotidien.

trafic-stupéfiants-beaucaire

RPB : Les gens parlent tout de même du ghetto du centre-ville…

XL : Et ils n’ont pas tort. La population du centre ville est souvent très pauvre avec une forte composante d’origine maghrébine. Il faut dire que les grands propriétaires beaucairois ont profité de cette population vulnérable pour louer ou vendre des logements du vieux Beaucaire souvent vétustes voire insalubres. Ainsi la ghettoïsation s’est opérée avec la complicité, peut-être pas toujours consciente d’ailleurs, des possédants et des politiques beaucairois. Or c’est souvent dans la bouche de ces derniers que l’on retrouve aujourd’hui le discours le plus xénophobe.

RPB : Comment se fait il que l’intégration ait échoué dans le centre-ville plus qu’ailleurs ?

XL : C’est, il me semble, assez simple. Lorsque dans une classe de primaire ou de maternelle on compte plus de 80% d’élèves d’origine étrangère ainsi que de nombreuses familles vivant dans la grande précarité, malgré toute la bonne volonté des équipes pédagogiques et des associations de parents d’élèves, l’école laïque républicaine est fréquemment mise en échec. Un peu comme si le centre ville n’avait pas constitué, comme en ce qui concerne l’architecture, un secteur «sauvegardé», mais plutôt d’un secteur sacrifié. Si on ajoute à cela le désengagement de l’Etat dans une police de proximité dont l’efficacité a pourtant été démontrée dans des zones aussi denses et sinueuses que le centre de Beaucaire, on aboutit à des zones de quasi nondroit où les trafics illicites peuvent prospérer et bénéficier d’une main d’oeuvre en nombre.

RPB : Précisément, concernant ces trafics, vous ne pouvez pas me dire qu’ils ne sont pas synonymes d’insécurité ?

XL : En fait oui et non. Tout d’abord Beaucaire est spécialisée dans la résine de cannabis d’Afrique du Nord. Or le cannabis n’est pas une substance dont l’addiction entraîne des violences notoires chez les consommateurs. On

ne parle pas ici d’héroïne ou de crack. De plus Beaucaire est plus une plate-forme de distribution pour toute la région qu’un lieu de forte consommation.

RPB : Drogue en grande quantité, transactions financières importantes, tout cela se passe sans impacter la sécurité des habitants ?

XL : Bien entendu des règlements de compte surviennent. Toutefois les trafiquants ont tout intérêt à ce que les choses se passent dans le plus grand calme afin de limiter au maximum les intrusions de la police dans le quartier.

RPB : Et les habitants ferment les yeux ?

XL : Il y a les habitants qui font bon gré mal gré partie de la même communauté que les mandataires du trafic. Ces habitants, qu’ils le veuillent ou non, sont sous l’emprise des trafiquants qui de par leurs moyens financiers constituent des individus très influents au sein de la communauté. On comprend bien que ces habitants auront donc du mal à se mobiliser pour aller à l’encontre du trafic.

RPB : Et les autres ?

XL : Les autres ont de plus en plus tendance à fuir un quartier dans lequel ils se sentent dorénavant minoritaires à la fois culturellement et économiquement. La disparition de la mixité dans le centre-ville fait bien entendu le bonheur des trafiquants qui ont de fait les mains encore plus libres pour agir.

RPB : Enfin si cet engrenage inexorable est connu de tous, j’ai envie de dire «Mais que fait la police ?»

XL : C’est la Police Nationale qui est compétente dans ce domaine. Or ses moyens, comme ceux de nombreuses autres administrations, sont de plus en plus limités. Sur Beaucaire les effectifs permettent de faire fonctionner une équipe d’intervention et une équipe d’investigation pour un territoire très étendu et une population de 15000 habitants. On comprend donc que si l’équipe d’intervention est mobilisée pour la sécurité routière ou pour une patrouille à l’autre bout de la ville, elle n’est pas présente dans le centre et que même en cas d’urgence il lui faudra un certain temps pour se rendre sur place.

RPB : Mais cette équipe d’investigation que vous mentionnez n’est-elle pas à même de mener le travail de fond nécessaire à l’éradication du trafic ?

XL : En fait les effectifs qui la constituent lui permettent difficilement d’aller au-delà des tâches courantes même si des affaires significatives ont pu être menées à bien ces dernières années. Le travail de fond que vous mentionnez nécessiterait des moyens sensiblement accrus.

RPB : Bon et la Police Municipale dans tout ça, quand on voit l’augmentation de ses effectifs on se dit qu’elle doit bien avoir une utilité ?

XL : La délinquance et le trafic de stupéfiants ne figurent pas parmi ses prérogatives. Le Maire doit donc déposer plainte officiellement auprès de la Police Nationale pour que suite soit donnée à des faits répréhensibles constatés par la Police Municipale. Or il est fréquent que les Maires ne fassent pas la démarche du dépôt de plainte afin de ne pas voir les statistiques de la délinquance augmenter durant leur mandat.
De fait la Police Municipale est donc peu légitime et peu respectée en centre-ville où elle doit souvent affronter insultes et quolibets sans pouvoir réagir. Sa présence se résume donc souvent à quelques passages en voiture dans les rues principales. Les transactions illicites peuvent donc perdurer sans risque dans les ruelles adjacentes.

RPB : Et le fameux réseau de caméras de vidéo-surveillance que la Mairie n’a de cesse d’agrandir ?

XL : Elles peuvent avoir une forme d’utilité dans la mesure où elles sont connectées au commissariat de police en cas de besoin. Toutefois il faut rappeler que c’est du personnel communal rarement expert en criminologie qui est derrière les écrans. Or il n’est pas suffisant d’avoir accès à une image, encore faut-il pouvoir la décrypter afin de déclencher l’intervention au moment opportun. Par ailleurs elles ne permettent pas de couvrir et heureusement, toutes les ruelles étroites du centre-ville. Leurs présences ne font donc que déplacer le problème.

RPB : Si je comprends bien, par rapport au problème qui nous préoccupe à savoir le trafic et la ghettoïsation en centre-ville, caméras et police municipale sont des moyens plus démagogiques qu’efficaces.

XL : C’est exactement mon point de vue. Il convient toutefois d’ajouter que cette démarche n’est pas spécifique à Beaucaire. Elle répond en effet à une volonté nationale, portée par l’actuel gouvernement, qui consiste à inciter réglementairement et financièrement les communes à développer à la fois leur police municipale et leur dispositif de vidéo surveillance. L’objectif non avoué à ce jour est de transférer petit à petit la partie la moins «noble» des compétences de la police nationale vers la police municipale (stationnement, circulation, sécurité routière etc.).

RPB : Dans quel but ?

XL : Toujours le même, réduire le budget de l’Etat et transférer les charges vers les communes.

RPB : Ca sent l’idéologie votre réponse. Et pourquoi pas la fermeture du commissariat de Beaucaire après celle du bureau de Poste ?

XL : Vous ne croyez pas si bien dire. Les discussions actuelles portent, dans le cadre de la création d’une Police d’Agglomération du Grand Marseille, d’un possible transfert des compétences de la Police d’Arles à la Gendarmerie Nationale et donc on peut envisager une couverture des villes de Beaucaire et de Tarascon par les mêmes Gendarmes.

RPB : Et ça changerait quoi ?

XL : La police a un périmètre d’intervention communal tandis que celui de la gendarmerie est plus étendu. De plus, plusieurs exemples de transfert de compétences montrent qu’un Gendarme remplace facilement quatre Policiers. Il en résulterait donc une présence sur le terrain encore diminuée.

RPB : Donc si on est un militant de gauche, maintenant on doit aussi défendre le service public de la Police Nationale ?

XL : Affirmatif.

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